Au lendemain des violents affrontements entre partisans d'Alassane Ouattara et de Laurent Gbagbo à Abidjan, les États-Unis, la France, l'ONU et l'UE intensifient encore les pressions sur Laurent Gbagbo pour qu'il quitte le pouvoir.
La communauté internationale intensifie ses pressions sur Laurent Gbagbo au lendemain des affrontements meurtriers qui ont opposé les partisans de ce dernier à ceux d'Alassane Ouattara à Abidjan.
Reprenant les propos d'un responsable américain la veille, le département d'État américain a déclaré vendredi être prêt "à imposer des sanctions ciblées, individuellement en tant que pays et de concert avec [ses] partenaires, contre le président Gbagbo, sa famille immédiate et le cercle de ses proches s'il devait continuer à revendiquer illégitimement le pouvoir".
Plus tôt, des sources diplomatiques américaines avaient déclaré que Laurent Gbagbo disposait "d'un temps limité" pour céder le pouvoir à son rival et qu'au moins un État africain s'était proposé pour accueillir le président ivoirien sortant.
Ce vendredi, le président français Nicolas Sarkozy a indiqué que celui-ci ferait l'objet de sanctions européennes s'il ne quittait pas son poste "d'ici à la fin de la semaine". Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a, quant à lui, qualifié la présidence de Laurent Gbagbo de "parodie de démocratie".
itL'Union européenne (UE) a également haussé le ton, exhortant l'armée ivoirienne à se placer sous l'autorité du "président démocratiquement élu" Alassane Ouattara. Elle a, en outre, réaffirmé sa "détermination à prendre des mesures ciblées contre qui voudrait continuer à empêcher le respect de la volonté exprimée par le peuple ivoirien".
Dans la soirée de vendredi, la Cédéao (Communauté économique des états d'Afrique de l'ouest) s’est également positionnée en demandant par écrit à Laurent Gbagbo de transférer "immédiatement" le pouvoir au "président élu" Alassane Ouattara.
Pour tenter de trouver une issue à la crise post-électorale, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, est arrivé à Abidjan vendredi. Cette visite intervient après l'échec d’une première tentative de médiation de l'UA conduite par l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, au début du mois de décembre.
Le climat reste tendu en Côte d’Ivoire
Sur le terrain, le climat reste très tendu, même si la journée de vendredi a été calme du fait d'un strict patrouillage des rues d'Abidjan par les forces de l’ordre fidèles à Laurent Gbagbo. "L’armée ne tolère aucun rassemblement, il y a très peu de voitures sur les routes, la présence militaire et les barrages filtrants sont très importants", rapporte Cyril Vanier, envoyé spécial de FRANCE 24 en Côte d'Ivoire.
itAlors que la marche organisée jeudi par le camp d'Alassane Ouattara pour installer le nouveau patron de la Radio-Télévision ivoirienne (RTI) s'était soldée par un échec, Guillaume Soro, le Premier ministre du président désigné par la Commission électorale indépendante (CEI) et reconnu par la communauté internationale, avait pourtant à nouveau appelé hier à marcher sur le siège de la RTI ainsi que contre la Primature, ce vendredi.
Lieu stratégique et symbolique du pouvoir protégé par les forces de sécurité loyales au président sortant, la RTI est la principale source d’information de la majorité des Ivoiriens. Selon les partisans d'Alassane Ouattara, elle soutient aussi ouvertement Laurent Gbagbo.
Les deux camps se rejettent la responsabilité des heurts
Depuis les affrontements sanglants de jeudi - les premiers du genre depuis le début de la crise post-électorale ivoirienne -, les partisans de Laurent Gbagbo et d'Alassane Ouattara ne cessent de s'en rejetter la responsabilité.
Dès hier, le camp Ouattara a accusé l’armée d’avoir attaqué ses manifestants. "Le gouvernement avait demandé à organiser une marche pacifique vers le siège de la RTI, a affirmé jeudi à FRANCE 24 le porte-parole d'Alassane Ouattara, Patrick Achi. Ceux qui y ont participé y sont allés à mains nues, ils n'étaient pas armés. On leur a tiré dessus à balles réelles", a-t-il dénoncé.
itLe camp de Laurent Gbagbo affirme, de son côté, que c’est l’armée qui a essuyé les premiers tirs en provenance de la foule. "Ceux qui étaient venus pour une supposée marche pacifique ont tiré à balles réelles sur les Forces de défense et de sécurité", a déclaré sur FRANCE 24 Émile Guiriéoulou, ministre de l'Intérieur du gouvernement de Laurent Gbagbo.
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