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Nouvelle journée à hauts risques à Abidjan

La tension reste très forte à Abidjan au lendemain des heurts meurtriers qui ont opposé pro-Gbagbo et pro-Ouattara. Malgré l'échec de sa marche contre la RTI, hier, le camp de ce dernier appelle à nouveau à manifester, ce vendredi.

Le climat reste très tendu en Côte d'Ivoire, ce vendredi, au lendemain de violents affrontements entre les partisans d'Alassane Ouattara et de Laurent Gbagbo qui ont fait des dizaines de morts à Abidjan. Ces heurts ont éclaté en marge de la marche organisée par le camp de M. Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale, sur la Radio-Télévision ivoirienne (RTI). Si sa tentative de prendre la télévision d'État a échoué, celui-ci maintient la pression sur le camp Gbagbo, appellant à nouveau à marcher contre le siège de la RTI ainsi que contre la Primature, siège du Premier ministère, ce vendredi.

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"La journée se termine comme elle s'est commencée, dans un calme extrémement précaire"
Nouvelle journée à hauts risques à Abidjan

À la mi journée cependant, le calme régnait dans les rues de la capitale économique ivoirienne, quadrillées par les forces de l'ordre restées fidèles à Laurent Gbagbo. En fin de matinée, rien ne signalait une prochaine mobilisation des partisans d'Alassane Ouattara, selon un journaliste de l'AFP présent sur place.

Bras de fer sanglant autour de la RTI

Lieu stratégique et symbolique du pouvoir, le siège de la RTI est protégé par les forces de sécurité loyales au président sortant. La télévision d’État, qui est la principale source d’information de la majorité des Ivoiriens, soutient ouvertement Laurent Gbagbo.

Les deux camps se rejettent la responsabilité des heurts sanglants qui ont éclaté jeudi, les premiers du genre depuis le début de la crise post-électorale ivoirienne. Pour sa part, le camp Ouattara accuse l’armée d’avoir attaqué ses manifestants. "Le gouvernement avait demandé à organiser une marche pacifique vers le siège de la RTI, a affirmé jeudi à FRANCE 24 le porte-parole d'Alassane Ouattara, Patrick Achi. Ceux qui y ont participé y sont allés à mains nues, ils n'étaient pas armés. On leur a tiré dessus à balles réelles", dénonce-t-il.

Le camp de Laurent Gbagbo affirme, de son côté, que c’est l’armée qui a essuyé les premiers tirs en provenance de la foule. "Ceux qui étaient venus pour une supposée marche pacifique ont tiré à balles réelles sur les Forces de défense et de sécurité", a déclaré sur FRANCE 24 Émile Guiriéoulou, ministre de l'Intérieur du gouvernement de Laurent Gbagbo.

"Le gouvernement Ouattara a renouvelé son appel à ses partisans de descendre dans les rues, qualifiant le régime de Gbagbo de dictatorial. De son côté, le président sortant garde le contrôle de l’armée, qui a reçu l'ordre de réprimer toute forme de contestation. Les deux parties campent donc clairement sur leurs positions", explique Cyril Vanier, envoyé spécial de FRANCE 24 en Côte d’Ivoire.

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À la Une : Côte d'Ivoire, vers la guerre civile ?
Nouvelle journée à hauts risques à Abidjan

Sarkozy avertit Gbagbo

Sur le terrain diplomatique, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, est arrivé, ce vendredi, à Abidjan pour tenter de trouver une solution à la crise politique née au lendemain de la présidentielle du 28 novembre. Il doit rencontrer tour à tour Laurent Gbagbo puis Alassane Ouattara. Cette initiative intervient à la suite d’une première tentative de médiation de l'UA conduite par l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, qui avait échoué.

Les événements de jeudi ont été observés de près par la communauté internationale. Alors qu'un responsable américain a déclaré, jeudi, que Laurent Gbagbo disposait "d'un temps limité" pour céder le pouvoir à son rival, le président français Nicolas Sarkozy a indiqué, ce vendredi, qu'il fera l'objet de sanctions européennes s'il ne quitte pas son poste "d'ici à la fin de la semaine". De leur côté, les dirigeants des pays de l'Union européenne ont appelé l'armée ivoirienne à se placer sous l'autorité du "président démocratiquement élu", Alassane Ouattara.
 

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