
Lors d’une conférence à Johannesburg, Joseph S. Blatter, président de la Fifa, a répondu sans nuance à la question de la pénalisation de l’homosexualité au Qatar où sera organisé le Mondial-2022. Des associations crient au scandale.
"Au Mondial du Qatar, les gays feraient mieux de se passer de sexe." Ce qui devait être une blague potache de Sepp Blatter, président de la Fifa, en réponse à la question de la pénalisation de l’homosexualité au Qatar, où se tiendra le Mondial-2022, a créé une levée de boucliers dès le lendemain, soit un jour après l’annonce, parmi les associations de lutte contre l’homophobie dans le sport.
Suite à cette plaisanterie de mauvais goût, prononcée lors d’un sommet sur les retombées économiques du Mondial en Afrique du Sud, où l’homophobie reste un problème social majeur, Blatter s’était repris en vantant l’ouverture qui doit prévaloir dans le sport : "il ne devrait y avoir aucune discrimination pour aucun être humain". Mais cela n’a pas suffit à endiguer la vague de protestation de la part de la communauté gay et lesbienne qui crie à l’homophobie.
"Ignorance archaïque, néandertalienne"
L’association britannique "Gay Football Supporters Network" avait déjà attiré l’attention dès le 6 décembre dernier sur la décision de la Fifa de choisir le Qatar, où l’homosexualité est un crime passible de cinq ans de prison. La déclaration de Blatter n’est donc pas passée inaperçue par l’association qui milite pour le respect des droits des homosexuels dans le football.
"Nombre de LGBT (lesbiennes, gays, bi et transexuels, ndlr) vivent dans des pays où ils risquent des exécutions ou la prison. Ces personnes méritent notre aide, notre respect et notre soutien. Comme nous, ils ne méritent pas d’être moqués. M. Blatter doit retirer sa remarque et s’excuser immédiatement," a déclaré Chris Basiurski, président de l’association, dans un message posté sur le site du GFSN.
Plus tôt, le Britannique John Amaechi, ancien basketteur en NBA, qui avait fait son coming-out en 2007, a fustigé lui aussi sur son blog "l'ignorance archaïque, néandertalienne" du dirigeant de la Fifa. "Il serait totalement inacceptable qu'il ne revienne pas sur sa position", a insisté M. Amaechi.
Pas de précisions à apporter selon la Fifa
Sur le réseau social Twitter, plusieurs internautes ont fait part de leur mécontentements. "Nous avons besoin d’actions plus fortes contre l’homophobie dans le foot – à commencer par le retrait de Blatter”, signe Richard Caulfield. "Sepp Blatter pense que le fait que le Qatar promeut la haine est amusant," commente Andrew James. Ou encore : "les commentaires de Sepp Blatter ne pouvaient pas être plus insensibles et inappropriés. Une excuse officielle doit être prononcée," écrit Gianni sur son mur.
Selon la BBC, la Fifa ne compte pas faire de commentaire supplémentaire, estimant que M. Blatter avait apporté toutes les clarifications nécessaires lors de la conférence de presse. Du côté du Qatar, aucun membre du comité d’organisation n’est actuellement joignable pour répondre à nos questions. Le pays a 11 ans pour changer ses lois et redorer son blason vis-à-vis de la communauté LGBT. Mais le Qatar n'a pris aucun engagement en la matière.