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L’Union européenne réaffirme le droit des Palestiniens à un État souverain

Les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept, réunis à Bruxelles, ont publié une déclaration dans laquelle ils assurent, une nouvelle fois, qu'ils sont prêts à reconnaître un État palestinien dans le cadre d’une "solution négociée".

Alors que les négociations israélo-palestiniennes sont dans l’impasse, la diplomatie européenne marche sur des œufs et cherche un compromis entre défenseurs de la ligne dure à adopter envers Israël et ceux de la ligne plus modérée.

Dans une déclaration sur le Proche-Orient publiée ce lundi, les ministres des Affaires étrangères des membres de l’UE, réunis à Bruxelles, ont réaffirmé être prêts "lorsque cela sera approprié, à reconnaître un Etat palestinien", comme l’avaient déjà fait leurs homologues en 1999 à Berlin.

Avec ce texte, l’Union européenne prend ses distances avec les pays tenants de la ligne dure qui, comme le Brésil ou l’Argentine, ont reconnu unilatéralement un Etat palestinien délimité par les frontières de 1967. Mais les Vingt-Sept écartent aussi la possibilité d’imposer des sanctions contre Israël, comme le suggèrent d’anciens responsables européens, dont l’ex-chef de la diplomatie européenne, Javier Solana.

Certains ministres de l’UE s’étaient montrés séduits par cette possibilité, après le refus de l’État hébreu de prolonger le gel de la colonisation en Cisjordanie, qui a provoqué la rupture des pourparlers directs entre les deux parties sous l’égide de Washington. Par exemple, pour le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, il est temps de "geler un peu les relations entre l'UE et Israël si on n'est pas capable de reprendre le cours des négociations" de paix. Mais selon un diplomate à Bruxelles, les tenants européens de cette ligne ont été "frustrés" par le texte adopté in fine ce lundi.

L’UE n'envisage pas d'autre possibilité qu'une "solution négociée"

Dans sa déclaration, l’Union européenne "regrette" le refus d’Israël de prolonger le gel de la colonisation, qui reste "illégale" au regard du droit international, et réaffirme le droit des Palestiniens à un Etat souverain. Mais les Vingt-Sept insistent aussi sur le fait qu’ils ne s’associeront qu’à "une solution négociée" entre les deux parties, y compris sur les questions de frontières. A ce sujet, ils affirment pour la première fois qu’ils ne reconnaîtront, le moment venu, aucune modification des frontières de 1967 autres que celles négociées par les deux parties. "Cela pourrait inclure des échanges de territoires négociés", ajoute le texte. L’UE laisse donc ouvert l’accès à la table des négociations aux Israéliens, en dépit de la colonisation qui se poursuit en Cisjordanie.

La position de Bruxelles s’inscrit ainsi dans la continuité de celle de Washington, qui a abandonné l'idée d'obtenir un gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie afin de relancer les négociations, de manière indirecte cette fois-ci. Un "changement de tactique" accueilli favorablement par le gouvenrement de l'Etat hébreu.

"Les Etats-Unis ont compris au bout d'un an et demi que les discussions sur la question mineure de la construction dans les implantations ne menaient à rien", s'est félicité le Premier ministre Benjamin Nétanyahou, lundi à Tel-Aviv. "Ils ont compris qu'il était important d'aborder les vrais problèmes, y compris les questions de fond, comme la sécurité ou encore les réfugiés, qui sont au cœur du conflit entre nous et les Palestiniens", a ajouté le chef du gouvernement.

Le négociateur palestinien rappelle les récentes positions de l'UE

Lundi, le principal négociateur palestinien Saëb Erakat Erakat a demandé à la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, la reconnaissance de l'Etat palestinien sur les frontières antérieures à l'occupation israélienne de 1967. Il a aussi salué les récentes positions européennes, en faisant référence "en particulier au communiqué de l'Union européenne du 8 décembre 2009 et aux recommandations des chefs de mission européens à Jérusalem" en décembre 2010, dans lesquels l'UE a exprimé sa vision de Jérusalem comme "capitale de deux Etats". Israël, de son côté, considère l'ensemble de Jérusalem, y compris la partie orientale dont l'annexion n'est pas reconnue par la communauté internationale, comme sa capitale "éternelle et indivisible".

La déclaration sur le Proche-Orient publiée ce lundi a le mérite de ne froisser aucune partie impliquée dans le processus de paix. Mais ce compromis n’est qu’un petit pas diplomatique dans des négociations israélo-palestiniennes qui demeurent encore dans l’impasse.