logo

Des violences ont éclaté lors des manifestations des étudiants britanniques qui protestaient à Londres contre le projet que le gouvernement présente au Parlement, et qui vise à tripler le montant des droits universitaires.

La jeunesse anglaise est dans la rue. Les étudiants des quatre coins du pays manifestent, ce jeudi, à Londres pour protester contre un projet du gouvernement britannique, qui prévoit une augmentation drastique des frais universitaires.

Des affrontements ont eu lieu entre étudiants et forces de l'ordre. Scotland Yard a annoncé que deux officiers avaient été blessés, dont un grièvement au niveau de la nuque après avoir été frappé. Par ailleurs, plusieurs étudiants sont sortis de la manifestation le visage ensanglanté.

Le sujet de la discorde est la hausse du plafond de ces frais universitaires, aujourd’hui fixé à 3 290 livres par an (environ 4 000 euros). Avec la réforme, les universités pourraient fixer des frais d’inscription s’élevant jusqu’à 9 000 livres.

Ce quasi-triplement du plafond provoque la colère des organisations étudiantes. Le principal syndicat étudiant, le NUS, appelle à lutter contre ce projet qui fera alors des universités anglaises "les plus chères au monde".

Cette journée de mobilisation est la cinquième en moins d’un mois, preuve de l’impopularité de la réforme auprès de la population étudiante.

Des manifestations "moins idéologiques qu’en France"

"Ce type de manifestation étudiante est très inhabituel en Angleterre", précise Sarah Pickard, maître de conférences à la Sorbonne Nouvelle, Paris III et spécialiste de la jeunesse britannique.

"Les dernières grandes manifestations dénonçaient la guerre en Irak ou les méfaits de la mondialisation. Mais il s’agissait de manifestations générales, pas seulement étudiantes. Pour voir un tel mouvement avec occupation de locaux universitaires il faut remonter aux années Thatcher", rappelle-t-elle.

Si elle assure que les étudiants anglais se sont peut-être "un peu inspirés" de leurs homologues français, elle précise que les cortèges sont habituellement "beaucoup moins idéologiques qu’en France, où on affiche beaucoup son anticapitalisme". "En Angleterre ils sont plus pragmatiques, ils demandent simplement à ne pas être trop endettés après leurs études", explique-t-elle.

La "trahison" de Nick Clegg

La Chambre des communes débat toute la journée du projet, qui est loin de faire l’unanimité sur les bancs de la Chambre basse du Parlement britannique.

Les libéraux-démocrates, qui font partie de la coalition gouvernementale, s’étaient en effet engagés au moment des élections à ce que la rigueur ne touche pas le système éducatif britannique. Depuis, le leader des "Lib-dem", le vice-Premier ministre Nick Clegg, a revu son jugement et fait désormais campagne auprès de David Cameron pour que les députés adoptent le plan.

"De nombreux jeunes se sentent trahis car beaucoup d’entre eux ont voté pour Nick Clegg qui leur avait promis de ne pas augmenter les frais de scolarité", assure Sarah Pickard. Même si elle estime que le mouvement devrait continuer après le vote, elle ne voit pas le gouvernement reculer. "Cameron va certainement lâcher du lest pour amadouer les étudiants, mais cela paraît très improbable que la réforme soit enterrée".