Le gouvernement conduit par le conservateur David Cameron doit faire face à de nouvelles manifestations des étudiants qui contestent la hausse des droits universitaires à l'occasion de la présentation de ce projet au Parlement.
AFP - Le gouvernement de coalition au pouvoir au Royaume-Uni subit jeudi son test le plus sévère, à l'occasion de la présentation au Parlement d'un projet de triplement des droits universitaires qui déchire les libéraux-démocrates, sur fond de manifestations étudiantes.
Des milliers d'enseignants, écoliers et étudiants étaient attendus dans l'après-midi pour une manifestation nationale à Londres, cinquième rassemblement en un peu plus d'un mois.
La police a mis en garde contre une répétition des violences survenues en marge de récentes protestations, mais les organisateurs ont promis un mouvement pacifique.
Après différents rassemblements dès la mi-journée, un défilé devait s'ébranler vers 15h00 GMT, soit au moment-même où les députés seront appelés à voter sur le projet gouvernemental.
Les débats commencent dès la fin de la matinée à la chambre des Communes, chambre basse du Parlement britannique, et promettent d'être houleux: les libéraux-démocrates, partenaires clefs de la coalition gouvernementale aux côtés des conservateurs, font face à une rébellion de leur base.
Les "Lib Dems" avaient promis lors de la campagne des législatives en mai dernier de s'opposer à toute hausse des droits universitaires, actuellement plafonnés à 3.290 livres (près de 4.000 euros) par an.
Le gouvernement du Premier ministre conservateur David Cameron veut porter cette limite à 9.000 livres, soit un quasi-triplement.
Dans une lettre au Daily Telegraph (droite), les recteurs de 15 universités écrivent que le projet contraindrait la plupart des étudiants à payer au moins 40.000 livres (48.000 euros) pour leurs études.
Mais le leader des Lib Dems, Nick Clegg, devenu vice-Premier ministre, avance l'actuelle cure d'austérité pour justifier les mesures.
"Ce n'est bien entendu pas la politique que les libéraux-démocrates auraient voulue dans l'idéal, mais dans les circonstances actuelles, où il n'y a pas beaucoup d'argent, ... c'est la politique la plus juste", a-t-il déclaré jeudi matin.
Selon les médias, près de la moitié des députés Lib Dems pourraient rejeter le projet, dont le numéro deux du parti, tandis que d'autres devraient s'abstenir. Seuls les libéraux-démocrates membres du gouvernement ont promis de voter en faveur des mesures.
La rébellion ne devrait pas mettre en danger la survie même de la majorité gouvernementale, suffisante pour faire face à la défection d'une bonne proportion des Lib Dems.
Aux dissensions politiques, s'ajoute la fronde populaire: des milliers d'étudiants, professeurs et même écoliers devaient une nouvelle fois descendre dans la rue en milieu d'après-midi. Ils devaient aller auparavant au Parlement de Westminster à la mi-journée afin de faire pression sur les députés.
"C'est notre mai 68", titre un éditorial du Guardian. "Comme en France en mai 68, l'injustice de ce vote pourrait susciter une crise plus profonde", croit le quotidien de gauche.
La manifestation est organisée par des syndicats universitaires mais elle sera rejointe par d'autres syndicats et des militants de diverses organisations qui entendent élargir la contestation à la sévère austérité décrétée par le gouvernement. "Il est temps que l'ensemble du mouvement syndical joigne ses forces", a déclaré Bob Crow, secrétaire général du syndicat des transports RMT.
Mi-novembre, la première manifestation estudiantine avait rassemblé entre 20.000 et 50.000 personnes. Un groupe d'étudiants avait par la suite saccagé le QG du parti conservateur, choquant une opinion publique britannique très peu habituée à ce genre de violences.