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Le premier procès de la Cour pénale internationale (CPI) débute à La Haye. Sur le banc des accusés : le milicien Thomas Lubanga, accusé d'avoir supervisé et organisé l'enrôlement d'enfants, entre 2002 et 2003, dans l'est de la RD Congo.

Près de sept ans après la création de la Cour pénale internationale (CPI), le premier procès de ce tribunal pénal permanent s’ouvre ce lundi à La Haye, avec la comparution de Thomas Lubanga, un ex-milicien congolais.

Transféré à La Haye en 2006, cet ancien chef de l'Union des patriotes congolais (UPC) est notamment accusé d’avoir enrôlé des enfants-soldats entre septembre 2002 et août 2003, au cours de la guerre civile d’Ituri, une province du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).

Thomas Lubanga, 48 ans, est accusé d'avoir supervisé et organisé l'enrôlement d'enfants de moins de 15 ans au sein des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), l'aile militaire de l'UPC. Ce chef de guerre redouté aurait lui-même enlevé au moins un groupe d’enfants.

"La milice de Lubanga a recruté, formé et utilisé des centaines de jeunes enfants pour qu’ils tuent, pillent et violent", a déclaré à l’ouverture du procès le procureur de la CPI, l’Argentin Luis Moreno-Ocampo. "Les enfants […] ne peuvent pas oublier les coups qu’ils ont reçus. La terreur qu’ils ont ressentie. Ils ne peuvent pas oublier qu’ils ont été violés et qu’ils ont violé."

L’avocate de l’accusé, la Française Catherine Mabille, a déclaré que son client plaidait non coupable.
 

"J’ai vu trop d’enfants mourir"

"J’ai le grade de sergent-chef, témoigne un très jeune garçon filmé à l’époque des faits. Je me sers d’un fusil pour tuer sur le front. En dehors du front, pas de fusil. Ma spécialité est de tuer avec un couteau ou une corde."


 

Sur une deuxième vidéo, un autre enfant soldat témoigne : "Si quelqu’un me demande d’être à nouveau un combattant, je ne pourrai pas accepter parce que ce n’était pas ma décision de faire ça. J’ai vu trop d’enfants mourir […], d’autres souffrir. Je ne pourrai plus accepter ça."

Depuis 1999, des milices soutenues par deux ethnies différentes se disputent le contrôle de mines d’or dans la province de l’Ituri. Selon des ONG, 60 000 personnes ont été tuées et 600 000 autres déplacées.

Trente-quatre personnes, dont plusieurs enfants soldats, devraient témoigner devant la Chambre de première instance de la CPI. Au total, une centaine de victimes participeront pleinement au procès, pour la première fois de l’histoire du droit international.

Le procureur de la CPI a annoncé avant le début du procès qu’il allait requérir une peine sévère, proche de la peine maximum de 30 ans de réclusion, à l’encontre de Thomas Lubanga. Son procès devrait durer entre 6 et 9 mois.

Deux autres anciens chefs de milice en RDC, Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui, poursuivis pour leur rôle dans la guerre civile en Ituri, sont emprisonnés au centre de détention de la CPI à La Haye.