
La ministre des Finances, Christine Lagarde, a adressé hier un carton rouge à Éric Cantona (photo), en affirmant qu’il ne fallait pas suivre l'appel du "King" à vider ses comptes bancaires le 7 décembre pour que "le système s'écroule".
"Chacun son métier, il y en a qui joue magnifiquement au football, je ne m’y risquerais pas. Je pense qu'il faut intervenir chacun dans ses compétences". Cette pique lancée mercredi en conférence de presse, par la ministre des Finances Christine Lagarde, visait Éric Cantona. Le succès rencontré par l’appel de l’ancienne star du football à vider les comptes bancaires pour que "le système s'écroule", l’a visiblement agacé. "Je crois que quelqu'un qui est un grand footballeur ou un grand acteur de cinéma doit se garder d'intervenir dans le domaine financier, économique, surtout quand il n'en maîtrise pas les mécanismes" a-t-elle ajouté.
Le buzz "Canto"
Mais qu’est ce qui a donc poussé une des principales figures du gouvernement français à tancer de la sorte l'ancien "King" de Manchester United ? Début octobre, au beau milieu de la vague de protestation contre la réforme des retraites, Eric Cantona s’improvise en révolutionnaire. "Le système est bâti sur le pouvoir des banques. Donc, il peut être détruit par les banques. Au lieu qu'il y ait trois millions de gens qui aillent défiler dans les rues, ils vont à la banque, ils retirent leur argent et les banques s'écroulent", déclarait-il dans une interview vidéo accordée à Presse Océan.
Cette énième bravade de l’ancien international, qui s’est déjà illustré médiatiquement par des déclarations mémorables, aurait dû rester sans lendemain. Mais c’était sans compter sur le buzz qui a suivi son appel. Youtube, Twitter, Facebook et la blogosphère se sont chargés de relayer la vidéo de "Canto", désormais traduite et sous-titrée en plusieurs langues sur la Toile. Et à grande échelle, au point d'attirer l'attention des médias français et étrangers traditionnels. L’événement Facebook : "Révolution ! Le 7 décembre, on va tous retirer notre argent des banques!", recense déjà plus de 50 000 personnes qui seraient prêtes à passer à l’action. "Nous remercions le footballeur Éric Cantona de nous avoir insufflé cette idée. Nous l’avons pris au mot. Les dés sont jetés. L’avenir nous dira si nous avons eu raison", écrivent les créateurs de la page. Ces derniers ont même lancé un site Internet, www.bankrun2010.com, disponible en sept langues afin de donner une dimension internationale à leur démarche.
"Le Che en crampons"
Conscient de l’engouement que sa "révolution sans armes, ni sang" a provoqué, Cantona, reconverti dans le cinéma et le théâtre, se manifeste une nouvelle fois fin novembre. "Je constate, comme tout le monde, cette étrange solidarité qui est en train de naître, alors, oui, le 7 décembre, je serai à la banque", confie-t-il au quotidien Libération.
Outre Christine Lagarde et les banques, certains éditorialistes critiquent cette initiative, qui devrait rester sans effet sur l’économie selon plusieurs analystes financiers. Jacques Camus, de la République du Centre, dénonce ce matin "la croisade" du "Che en crampons". Selon lui, Cantona "qui doit sa fortune à la folle prodigalité d'un football anglais", devrait "admettre que le péquin moyen ne dispose pas d'autant de bas de laine que lui pour planquer son magot". Verdict le 7 décembre…