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Après le guitariste, le batteur est venu confirmer la fin de l’aventure dans la foulée : le groupe Noir Désir n’existe plus. "La volonté de faire y était. Mais ça ne s’est pas mis en route", commente le biographe du groupe, Sébastien Raizer.

Les membres de Noir Désir ne remonteront plus sur scène ensemble et ne sortiront pas non plus de nouveau disque. L'aventure rock de la formation bordelaise, longue de presque trente ans, est finie. Lundi, c’était le guitariste fondateur du groupe, Serge Teyssot-Gay, qui jetait l’éponge dans un communiqué : "Je fais part de ma décision de ne pas reprendre avec Noir Désir, pour désaccords émotionnels, humains et musicaux avec Bertrand Cantat, rajoutés au sentiment d'indécence qui caractérise la situation du groupe depuis plusieurs années."

Ce mardi, le batteur Denis Barthe a enfoncé le clou dans un entretien au téléphone à l’AFP : "On ne va pas maintenir Noir Désir en respiration artificielle pour de sombres raisons." Et d'ajouter : "Ce n'est pas la fin du monde." Denis Barthe a indiqué s'exprimer au nom des deux autres membres du groupe - le chanteur Bertrand Cantat et le bassiste Jean-Paul Roy.

La déflagration de 2003

Est-ce du "lourd héritage" de la mort de Marie Trintignant durant l’été 2003 - pour laquelle Bertrand Cantat a été reconnu coupable et a écopé de huit ans de prison - dont parle Serge Tayssot-Gay quand il évoque un "sentiment d’indécence" ? Le groupe pouvait-il réellement se reformer après ce drame ? 

"Noir Désir ne pouvait pas se reformer, puisqu’il n’avait jamais été dissous", affirme Sébastien Raizer, biographe du groupe*. Il raconte : "Quand l’affaire du meurtre a éclaté en 2003, j’avais presque terminé mon livre. J’ai attendu quelque temps avant de leur en reparler. Cela devait être leur biographie officielle. Denis Barthe m’a alors répondu : ‘Ce bouquin est le tien. On ne préfacera pas ton livre, parce qu'on ne veut pas laisser penser que Noir Désir veut se refaire une virginité à travers ton travail.’ C’est Noir Désir tout entier qui est lié à l’événement tragique de 2003. Ce fut une déflagration pour eux.", se rappelle le biographe.

"La volonté y était…"

Depuis octobre 2007 et la libération conditionnelle de Bertrand Cantat, les quatre membres du groupe s’étaient remis à jouer ensemble. Entre eux, pour se faire la main. "Ils ont toujours fonctionné par cycle : un mois d’écriture ensemble, un enregistrement en studio, puis une tournée. Ensuite, pendant des mois, chacun partait de son côté. Puis, à un moment, ils se retrouvaient. La machine se remettait en marche", explique Sébastien Raizer. "Cette fois, la volonté de faire y était. Mais ça ne s’est pas mis en route."

Il y a eu quelques tentatives d’enregistrement studio. Un "Gagnant perdants" - pas des plus convaincants. Une reprise rock du Temps des cerises. De son côté, Bertrand Cantat est remonté sur scène aux côtés du groupe Eiffel à l'occasion des Rendez-vous de Terres Neuves (Bègles), pour quelques reprises des Stooges.

"Il faut croire qu’il y a eu éloignement"

Cette nouvelle aventure musicale n’a de toute évidence pas emballé le guitariste Serge Teyssot-Gay, qui s’est essayé à un rock plus expérimental allié au rap, au sein du groupe Zone Libre qu'il a crée avec deux autres guitaristes (Marc Sens et Cyril Bilbeaud). Il se produit avec les rappeurs Casey et Hamé/La Rumeur, dans un premier temps, puis avec Casey et B. James. Le mois dernier, Zone Libre avait d'ailleurs joué avec le guitariste Marc Ducret, virtuose du jazz actuel.

Le guitariste et le chanteur, qui avaient longtemps fait évoluer leur musique dans le même sens au sein de Noir Désir, ne sont aujourd’hui plus sur la même longueur d’onde. "Il faut croire qu'il y a eu un éloignement, une incompréhension entre nous, peut-être des envies différentes", explique Denis Barthe. "Noir Désir travaillait. On était en répétition la semaine dernière, on devait l'être la semaine prochaine."

Sébastien Raizer tranche dans le vif : "Depuis qu’ils ont repris les enregistrements en 2008, ce qui pêche, ce sont les textes, pas la musique. 'Sergio' était vert de rage quand il a entendu la version punk-rock du "Temps des cerises". C’est inimaginable pour lui de monter sur scène pour une reprise des Stooges, qui envoie les watts - et c’est tout. Ca ne l’intéresse pas."

Après l'annonce du départ du guitariste Serge Tayssot-Gay, la fin de Noir Désir semblait inéluctable. Sébastien Raizer a inscrit dans un coin de sa mémoire une anecdote vieille de presque vingt ans : "Je repense à des paroles prémonitoires du photographe du groupe, Youri Lenquette, en 1993. Il m'avait dit : ‘Quand le groupe s’arrêtera, c’est parce que Sergio s’en ira’".

*auteur de « Noir Désir, tout est là », éditions Camion Blanc, septembre 2004 

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