
L'État hébreu a été relativement épargné par le lot de révélations de WikiLeaks sur les dessous de la diplomatie internationale. Il en sort même renforcé : les fuites mettent en évidence le double-discours des pays arabes à l'égard de Téhéran.
Un haut responsable italien évoque un "11-Septembre diplomatique", Nicolas Sarkozy parle du "dernier degré de l’irresponsabilité" et Washington promet de traquer les "criminels" de WikiLeaks. En publiant plus de 250 000 câbles américains - messages diplomatiques habituellement tenus secrets - le site a semé la zizanie dans les chancelleries du monde entier. À une exception près : Israël.
L’État hébreu tirerait même un certain bénéfice des révélations du site. "[Elles] n’affectent pas du tout Israël, peut-être est-ce même le contraire", estime notamment le général Giora Eiland, ancien conseiller à la sécurité du Premier ministre israélien.
Malaise au Moyen-Orient
Et pour cause : ces câbles diplomatiques mettent en évidence la crainte qui saisit les pays du Moyen-Orient à l'idée de voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire. Au premier rang desquels l’Arabie saoudite. Selon WikiLeaks, le roi Abdallah aurait à plusieurs reprises appelé les États-Unis à attaquer l’Iran pour mettre fin au programme nucléaire du pays. "Il faut couper la tête du serpent [iranien]", aurait-il notamment affirmé.
Selon les messages publiés par le site, des requêtes similaires ont été formulées par la Jordanie, l’Égypte ou le Bahreïn. Ces propos accréditent l’idée d’un "double discours" des dirigeants arabes qui, officiellement, s’opposent à toute opération militaire occidentale contre l’Iran.
"Les pays arabes tels que l’Arabie saoudite s’intéressent bien plus à l’Iran qu’au conflit israélo-palestinien", estime en outre le général Giora Eiland, jetant encore un peu plus de discrédit sur la politique extérieure affichée par ces pays arabes.
"Les officiels israéliens, à commencer par le Premier ministre Benyamin Netanyahou, se sentent renforcés par ces révélations", estime Gallagher Fenwick, le correspondant de FRANCE 24 à Jérusalem. "Le chef du gouvernement israélien demande maintenant à ses voisins arabes de dire enfin tout haut et publiquement ce qu’ils disaient jusqu’ici derrière des portes fermées".
L’Iran crie au complot
Pour l’heure, les "révélations" de WikiLeaks concernant Israël ne sont guère surprenantes. Elles confirment en particulier la "très grande préoccupation" d’Israël face au programme nucléaire iranien. "À mon sens, il n’y a pas de grande différence entre ce qui peut être lu sur le site de WikiLeaks et ce que nous disons ouvertement", a d’ailleurs déclaré le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, lors d’une visite dans une usine d’armement mardi.
Téhéran aurait pu se sentir trahi, isolé dans un Moyen-Orient présenté comme largement favorable à la chute du régime iranien, mais il n’en est rien. Du moins officiellement. Loin de prendre la mouche, le président Mahmoud Ahmadinejad accuse les États-Unis d'orchestrer les fuites des documents diplomatiques.
"Une partie du gouvernement américain a fabriqué ces documents. Nous ne pensons pas que ces informations aient fait l'objet d'une fuite. Nous pensons que cela a été organisé (...) et que [les Américains] poursuivent des buts politiques". Pour l’Iran donc, la géopolitique de la région reste la même. Du moins dans les discours. "Les pays de la région sont tous amis les uns avec les autres, a-t-il affirmé mardi à Téhéran. Pareille sottise n'aura aucun impact sur les relations de ces pays".