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Déplorant l'impact dramatique de la crise économique mondiale sur le financement de la prévention et du traitement du sida, un collectif d'associations demande l'instauration d'une taxe sur les transactions financières.

L'année 2010 devait être celle de "l’accès universel aux soins" pour les séropositifs et/ou les malades atteints du sida : on en est loin. Malgré les promesses maintes fois répétées par les pays du G8 et les Nations unies, 65 % des malades n’ont toujours pas accès aux traitements antirétroviraux dans les pays du Sud, faute de financement. Et la situation pourrait empirer.

Une baisse drastique des financements

Dans le contexte de crise financière et économique mondiale, les promesses de financement ont baissé drastiquement. Sur les 20 milliards de dollars réclamés a minima par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour continuer la lutte contre le VIH/sida sur la période 2011-2013, seuls 11,7 milliards ont été alloués par les pays donateurs, réunis à New York le 5 octobre dernier.

Pour financer la prévention et le traitement des malades du sida, les acteurs de la lutte, réunis à Paris lundi 29 novembre à l’occasion de la conférence "le CAC 40 contre le Sida", ont émis une solution simple : instaurer une taxe sur la spéculation financière.

"La crise économique est un alibi bien pratique pour justifier les maigres financements des pays développés au Fonds mondial", explique à France 24.com Antoine Henry, chargé de mission chez Aides, première association française de lutte contre la maladie.  "Nous voulons bien entendre cet argument, mais à la seule condition que les responsables de la crise soient mis à contribution !"

"Robin des bois" pour juguler le sida

Prendre aux riches pour donner aux pauvres. Le principe est simple et bien connu. La fameuse "taxe Tobin" est réclamée depuis longtemps par des lauréats du Nobel de l'économie, comme Krugman ou Stiglitz, pour réguler les marchés financiers et les inciter à s'aligner davantage sur les objectifs sociaux. 

La France, quant à elle, s'est fait le chantre de la cause. Récemment, à la tribune de l'ONU, Nicolas Sarkozy appelait de ses voeux la mise en place d'une taxe universelle sur les transactions financières pour lutter contre la pauvreté. "Les financements innovants, la taxation des transactions financières, nous pouvons le décider ici. Pourquoi attendre ? ", déclarait le président français lors de son intervention au Sommet de l’ONU sur les Objectifs du millénaire pour le développement, en septembre 2010.

La Taxation des transactions financières (TTF) pourrait en l’occurrence sauver jusqu’à 6 000 vies par jour, selon les associations qui militent pour la mise en place unilatérale de la "taxe Robin des bois". Elle interviendrait sur toutes les transactions financières françaises, qu’elles concernent les actions, les produits dérivés ou les devises étrangères.

Instaurée à hauteur de 0,005% par transaction, la TTF unilatérale (c'est-à-dire à l’échelle de la France) rapporterait, selon des comités d’experts, 40 milliards de dollars par an - à répartir entre le Fonds mondial de lutte contre le sida, le Programme alimentaire mondial, le Fonds mondial pour l’environnement et les différents programmes internationaux pour l’éducation.

"Aujourd’hui, l’épidémie va plus vite que la lutte. Pour deux personnes traitées, cinq sont contaminées. Alors, c’est une question de stratégie économique : soit on finance aujourd’hui, soit il faudra mettre dix fois plus d’argent sur la table dans dix ans", explique Antoine Henry.

L’aide au développement sur la sellette

Depuis le début de la crise, le Fonds mondial connait une crise de financement sans précédent. Sur les 11 milliards promis par les pays donateurs en 2010, seul 1,8 milliard est alloué à la prise en charge des nouveaux malades. Comparé aux 6,3 milliards disponibles entre 2008 et 2010 pour l'élargissement de l'accès aux antirétroviraux, cela représente tout simplement une baisse de 72%.

"Le Fonds mondial est en passe d’exclure un certain nombre de bénéficiaires, car il n’y a plus assez d’argent. Avant, on partait des besoins et on répartissait les financements. Maintenant,  c’est l’inverse : on part des possibilités de financements et on répartit en fonction des besoins", explique Antoine Henry.

Le Maroc, le Cameroun et la Côte d’Ivoire - des pays considérés comme n’étant pas assez "pauvres" - risquent notamment de voir leurs aides supprimées. Leur sort sera soumis à l’éventuelle augmentation de financements des pays donateurs, "ce qui ne risque pas de se produire", selon Antoine Henry, fataliste.

D’après les derniers chiffres délivrés par l’Onusida, le VIH continuait, en 2008, de contaminer plus de 2,7 millions de nouveaux malades par an et de tuer environ deux millions d'individus.  

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