Les élections de dimanche en Haïti ont été marquées par "une totale désorganisation", selon la correspondante de France 24 dans l’île. La majorité des candidats à la présidentielle dénonce des fraudes et demande l’annulation du scrutin.
L’incertitude règne ce lundi en Haïti au lendemain du premier tour des scrutins présidentiel et législatifs dont la plupart des candidats demandent l’annulation. Bien que validées dimanche par le Conseil électoral provisoire (CEP), les élections ont été entachées de fraudes massives, selon la majorité des prétendants à la présidentielle.
Douze des 18 candidats qui se présentaient à la présidentielle dénoncent "un complot du gouvernement et du CEP pour trafiquer les élections" au profit du candidat du parti au pouvoir, Jude Célestin, qu’ils accusent d’être la "marionnette" du président sortant René Préval.
it"Il y a eu des irrégularités, comme des urnes qui sont arrivées déjà remplies. Mais plus que ces cas localisés de fraude, c’est surtout la totale désorganisation que dénoncent les Haïtiens" analyse la correspondante de France 24 à Port-au-Prince, Amélie Baron.
"Les gens ne savaient pas où aller voter, la plupart des bureaux de vote étaient débordés ou tout simplement inaccessibles tellement ils étaient bondés" a-elle constatée. "Il n’y avait pas assez d’assesseurs et certains bureaux n’ont reçu les bulletins qu’à 14h alors qu’ils devaient ouvrir tôt dans la matinée".
Une désorganisation qui vient étayer la demande d’annulation du scrutin des candidats refusant de reconnaître la validation du CEP. "Difficile de savoir si leur demande a des chances d’aboutir", estime Amélie Baron, qui souligne la singularité de cette nouvelle alliance : "avant-hier, ils étaient tous concurrents et aujourd’hui ils prétendent former un front uni face au parti au pouvoir".
De son côté, la rue haïtienne a "fait son choix" et réclame le départ du président Préval "qu’elle tient pour responsable des fraudes et de la désorganisation totale des scrutins d’hier", explique Amélie Baron.
Les contestataires peuvent désormais s’appuyer sur les conclusions des observateurs américains, qui ont estimé, ce lundi, que les scrutins avaient été entachés de nombreuses irrégularités, qualifiant la consultation de "farce évidente".
Retour au calme ce lundi
Dimanche, des bureaux de vote ont été saccagés et des incidents ont fait au moins deux morts dans l’île, qui continue parallèlement d’être le théâtre d’une meurtrière épidémie de choléra.
"Pourtant l’ambiance est calme ce lundi à Port-au-Prince", constate notre correspondante, "les gens ont repris leur vie normale et les transports en commun circulent de nouveau. [ils avaient été arrêtés hier]".
Si les élections sont "dans toutes les conversations" ce lundi, elle assure que la capitale haïtienne n’est pas sous tension, à l’image des défilés de protestation de la veille qui se sont déroulés "dans une ambiance bon enfant, digne du carnaval".