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12 des 18 candidats demandent l'annulation du scrutin

Douze des 18 candidats à l'élection présidentielle haïtienne, dont le premier tour a eu lieu dimanche, ont dénoncé des fraudes et réclamé son annulation.

REUTEURS - Douze des 18 candidats à l'élection présidentielle haïtienne, dont le premier tour avait lieu dimanche, ont réclamé son annulation en faisant état de fraudes massives.

"Nous dénonçons une fraude massive qui a lieu dans tout le pays (...) Nous réclamons l'annulation pure et simple des élections", disent-ils dans un communiqué conjoint lu aux journalistes dans un hôtel de Port-au-Prince.

Le groupe comprend les principaux candidats de l'opposition à la présidence, dont beaucoup avaient déjà accusé la coalition du président René Préval, Inite (Unité), de chercher à l'emporter par des moyens frauduleux.

L'appel des douze candidats fait suite à des scènes de chaos et de confusion dans de nombreux bureaux de vote de Port-au-Prince, la capitale, où des électeurs furieux de ne pas pouvoir voter ont saccagé au moins un bureau de vote.

Ces manifestations témoignent de sérieux problèmes d'organisation à l'occasion de scrutins présidentiel et législatifs dont dépendent l'avenir du pays et sa reconstruction après le séisme meurtrier du 12 janvier dernier. Une 'épidémie de choléra y a fait en outre quelque 2.000 morts depuis un mois. Le Conseil électoral provisoire a annoncé que les élections se déroulaient "bien dans l'ensemble" à travers le pays, où étaient en place plus de 11.000 bureaux de vote. Il a cependant reconnu quelques difficultés et a dit s'employer à les résoudre.

Les Haïtiens devaient élire leur président, les 99 députés de la Chambre et onze des trente membres du Sénat. Dix-huit candidats à la présidence, 120 au Sénat et 900 pour la Chambre des députés étaient en lice.

Incidents

Des retards ont affecté l'installation de matériel électoral et le début des opérations de vote en divers points, et nombre d'électeurs ont passé des heures à chercher, sous un soleil de plomb, les centres électoraux où leurs noms étaient enregistrés.

Dans le quartier de Tabarre, des électeurs qui ne trouvaient pas leurs noms sur la liste électorale ont mis à sac un bureau de vote installé dans une école. Deux policiers haïtiens qui étaient de faction ont fui les lieux, selon des témoins. A Fort-Liberté, dans le nord-est d'Haïti, une personne a été blessée par des hommes qui ont ouvert le feu sur un bureau de vote, a rapporté Radio Caraïbes sans autres précisions.

Plus de 11.000 casques bleus de la Minustah, la force des Nations unies dans le pays, étaient déployés pour surveiller les opérations de vote.

Dans le camp de réfugiés de La Pista, où sont regroupés plus de 50.000 rescapés du séisme de janvier qui a fait 250.000 morts, Harold Clerg se plaignait, comme nombre de ses camarades, de n'avoir pu obtenir les nouveaux papiers d'identité qui lui auraient permis d'aller voter.

"Le gouvernement dépense beaucoup d'argent pour faire campagne et larguer des tracts par avion mais nous, nous vivons dans les détritus, la misère et la faim", a-t-il dit à Reuters.

Des émeutes contre les casques bleus ont éclaté ces dernières semaines à la suite de rumeurs accusant le contingent népalais de l'Onu d'avoir été le vecteur du virus du choléra. Ces violentes manifestations ont compliqué encore un peu plus la lutte contre la maladie ainsi que l'organisation des élections.

La campagne électorale a été écourtée dans les régions du centre du pays les plus affectées par l'épidémie de choléra et, dans le Nord, elle a été perturbée plusieurs jours la semaine dernière par des émeutes anti-Minustah qui ont fait au moins deux morts et plusieurs dizaines de blessés.

Plusieurs candidats à la présidence - le président sortant René Préval ne pouvait se représenter - avaient des chances de l'emporter, mais aucun ne semblait en mesure d'atteindre les 50% nécessaires pour être élu dès le premier tour.

Une liste initiale de 34 candidats à la présidence avait été ramenée à 19 par le Conseil électoral provisoire, qui en a ainsi rejeté 15 pour inéligibilité. L'un des 19 restants ayant renoncé, il restait 18 candidats en lice pour le premier tour.