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L'armée prend la "dernière ville" tenue par les rebelles

L'armée sri-lankaise annonce avoir pris le contrôle de Mullaittivu, dernière ville des séparatistes Tigres tamouls, dans l'extrême nord-est de l'île. De violents combats ont précédé cette déclaration télévisée du chef de l'armée.

AFP - L'armée du Sri Lanka s'est emparée dimanche de la dernière ville tenue par les rebelles tamouls dans le nord de l'île, un nouveau coup dur porté à la guérilla qui enchaîne depuis des mois les revers militaires dans le plus vieux conflit en cours en Asie.

"Nous contrôlons totalement Mullaittivu", a proclamé dans un discours à la Nation retransmis en direct à la télévision le chef de l'armée, le général Sarath Fonseka, au terme de très violents combats.

La chute de cette localité, la dernière zone urbaine contrôlée par les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), est une défaite cuisante pour les insurgés qui ont déjà perdu le 2 janvier leur "capitale" politique, Kilinochchi, dans le le nord, après avoir été éjectés de leurs bastions de l'est à l'été 2007.

Début janvier, le président nationaliste sri-lankais Mahinda Rajapakse les avait sommés de déposer les armes, sous peine d'être écrasés cette année.

"Nous avons fait 95% du travail (pour vaincre les Tigres). La fin du terrorisme est proche et nous allons gagner à coup sûr", a lancé le général Fonseka en annonçant "la destruction de la garnison des LTTE à Mullaittivu".


Ce département côtier de Mullaittivu, zone rebelle depuis 1996, abrite une partie de leurs infrastructures militaires. Les insurgés sont dorénavant confinés dans la jungle sur un territoire de 20 km de long sur 15 km de large, selon l'armée.

Si l'on en croit les communiqués militaires --seule source d'informations sur le terrain de cette guerre sans image-- des commandos des forces spéciales, appuyés par 50.000 soldats et des hélicoptères de combat étaient entrés dans la journée dans la bourgade.

Là, ils ont buté sur la résistance féroce de 2.000 Tigres tamouls qui avaient même fait sauter un barrage samedi, inondant les environs de la ville pour espérer retarder l'avancée de l'armée. Les militaires avaient alors utilisé de petits bateaux.

Par ailleurs, les organisations humanitaires internationales s'inquiètent depuis des semaines du sort de 150.000 à 300.000 civils coincés dans la région de Mullaittivu et que les Tigres utiliseraient comme boucliers humains.

Dimanche, l'émissaire japonais Yasushi Akashi, dont le pays est le premier bailleur de fonds au Sri Lanka, a demandé à Colombo d'autoriser des travailleurs humanitaires à se rendre sur la ligne de front pour venir en aide à ces populations. "Il s'agit d'une question humanitaire urgente", a exhorté M. Akashi, après avoir rencontré le président Rajapakse.

Depuis le 1er janvier, Colombo est lancé dans ce qu'il présente comme son offensive finale contre les Tigres tamouls et le démantèlement total de leur "mini-Etat" dans le nord. L'armée contrôle toute la péninsule septentrionale de Jaffna, grâce à la prise d'un passage stratégique que la guérilla tenait depuis 2000, la Passe de l'Elephant, reliant Jaffna au reste du pays.

Toutes ces défaites militaires ne signent pas la mort des LTTE.

Mais elles sonnent peut-être "le début de la fin", avancent des experts locaux, après 37 ans de conflit dans l'ex-Ceylan, une île de 20 millions d'habitants située au sud-est de l'Inde et colonie britannique jusqu'en 1948.

Depuis 1972, les Tigres tamouls, hindouistes, se battent pour l'indépendance du nord et de l'est de ce pays peuplé à 75% de Cinghalais bouddhistes. Au moins 70.000 personnes ont perdu la vie dans cette guerre civile, dont des milliers depuis le regain des violences fin 2005, dès l'élection de M. Rajapakse.

Mais même si celui-ci accumule les victoires, il sous-estime la puissance de frappe des LTTE: c'est l'une des plus redoutables guérillas au monde, emmenée par son chef Velupillaï Prabhakaran, lequel est introuvable et a récemment juré de conserver son fief du nord.