Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont attendues ce samedi dans les rues de Dublin pour protester contre le plan de rigueur de 15 milliards d'euros annoncé mercredi par les autorités.
REUTERS - Les syndicats irlandais appellent ce samedi à une grande marche dans les rues de Dublin contre l'austérité et la décision du gouvernement de solliciter l'aide de l'UE et du FMI.
Le cortège aura pour destination la Poste centrale, quartier général de l'insurrection irlandaise de 1916 où fut proclamée la république, et symbole de l'indépendance du pays.
Les organisateurs attendent plusieurs dizaines de milliers de personnes. La dernière grande manifestation depuis la crise de 2008 a eu lieu en début d'année dernière et a rassemblé quelque 100.000 Irlandais.
Le gouvernement de Brian Cowen a présenté mercredi un plan de réduction des déficits sur quatre ans qui doit se traduire par 15 milliards d'économies. Dublin a parallèlement accepté dimanche dernier le principe d'une aide conjugée de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI) dont les modalités devraient être dévoilées ce week-end.
La chaîne publique RTE a rapporté vendredi soir que le taux d'intérêt des prêts actuellement en négociation serait situé dans une fourchette de 6 à 7%.
Le Fine Gael, principale formation de l'opposition, a déclaré qu'un taux aussi élevé était inacceptable. Le parti n'a pas encore pris de position sur le vote du budget 2011 prévu le 7 décembre. Le gouvernement ne compte que deux voix de majorité au Dail, la chambre basse du parlement, celles de deux élus indépendants qui n'ont pas exclu de voter contre la loi de finances. L'adoption du budget est réclamée par l'UE et le FMI.
L'Irlande semble avoir réussi pour le moment à résister aux pressions en faveur d'un relèvement de son impôt sur les sociétés, qui reste au niveau très bas de 12,5%.
Le plan de sauvetage pourrait en revanche contraindre certains créanciers des banques irlandaises, qui sont à l'origine des déboires financiers actuels en raison de prêts immobiliers accordés imprudemment dans les années de forte croissance du "Tigre celtique", à partager une partie du coût du renflouement.
Alors que l'Irlande négocie avec l'UE et le FMI, le Portugal est tombé vendredi dans la ligne de mire des marchés financiers à la suite d'un article du Financial Times Deutschland affirmant que le pays, également en difficulté, était fortement pressé d'accepter à son tour une aide extérieure. Lisbonne a fermement démenti.
Cette crise de la dette en Europe fait dire à des économistes, principalement anglo-saxons, que la zone euro pourrait éclater, tiraillée par les déficits élevés des pays dits périphériques, en forte perte de compétitivité vis-à-vis de l'économie allemande, mais cette hypothèse est rejetée par les hauts responsables du bloc de la monnaie unique.