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La police a déployé des blindés à l'entrée d'une favela de Rio de Janeiro

Au cinquième jour de la "guérilla" dans les rues de Rio, six chars de la police militaire brésilienne ont pris position à l'entrée d'une favela du nord de la ville. Ces violences ont fait au moins 30 morts, selon la police militaire.

AFP - La police militaire a déployé jeudi six blindés à l'entrée d'une favela du nord de Rio de Janeiro, transformée en zone de guerre au cinquième jour de violents affrontements pour reprendre le contrôle de plusieurs quartiers de la ville aux narcotrafiquants.

Les heurts ont déjà fait fait 23 morts depuis dimanche, tous des "narcos" selon les autorités, et jeté une nouvelle fois le doute sur la capacité de Rio à organiser en toute sécurité les deux principaux événements sportifs de la planète, le Mondial de football en 2014 et les jeux Olympiques en 2016.

"Il y a des blindés dans la rue et les gens se mettent à l'abri", a déclaré une journaliste de l'AFP présente à l'entrée de la favela Vila Cruzeiro, dans le quartier de Penha (nord).

C'est la première fois que des véhicules militaires de cette taille, des transports de troupes blindés dotés de mitrailleuses de calibre .50, sont utilisés depuis la création en 2007 des Unités de police pacificatrice ("Upps") destinées à rétablir la paix et les services de l'Etat dans les favelas contrôlées par les trafiquants.

Des colonnes de fumée s'échappent de la favela où des véhicules ont été incendiés, d'après des images de télévision, mais aucun affrontement n'a été signalé jusqu'ici pour la journée de jeudi.

L'objectif est de "reprendre (le contrôle du) territoire, qui a été investi par le trafic", a déclaré un porte-parole de la police militaire à la chaîne TV Globo. Il a précisé que les mitrailleuses de gros calibre installées sur les blindés ne seraient pas utilisées.

Les blindés, pilotés par des soldats de la Marine, peuvent "franchir n'importe quel obstacle sur leur passage", a-t-il ajouté.

17.500 hommes "en état d'alerte" dans la ville, a annoncé la police militaire.

Des narcotrafiquants se sont regroupés à Vila Cruzeiro, après l'installation des "Upps" dans 13 favelas de Rio d'où ils ont été expulsés, dit-on de même source.

Les autorités affirment que ces violences des "narcos" sont une riposte à la création de ces "Upps".

"Je crois que c'est encore un peu tôt pour l'affirmer. Le secrétariat à la Sécurité (de l'Etat de Rio) est encore en train d'enquêter", a cependant déclaré à l'agence officielle Brasil Doriam Borges, membre du laboratoire d'analyse de la violence de l'Université de Rio.

D'après les services de renseignement, deux grandes factions rivales de narcotrafiquants ont conclu une trêve pour s'unir et tenter de déstabiliser ces unités, a dit le secrétaire à la Sécurité de l'Etat, José Mariano Beltrame.

Il s'agirait du Comando vermelho et de l'ADA ("amis des amis") qui dominent les deux plus grandes favelas de Rio, celles de la Rocinha (sud) et du Complexo do Alemao (nord).

Dix prisonniers, tous trafiquants de drogue, incarcérés à Rio et accusés de commander ces attaques, ont été transférés dans la nuit de mercredi à jeudi vers des prisons de sécurité maximale de l'Etat du Parana (sud) et de l'Etat amazonien de Rondonia (nord) à des milliers de kilomètres de Rio.

Depuis dimanche, 176 personnes ont été arrêtées et 55 véhicules incendiés, selon un dernier bilan.

En 2009, de violents affrontements avaient déjà éclaté près du stade Maracana, qui accueillera des matches du Mondial-2014, lorsque des "narcos" avaient abattu un hélicoptère des forces de l'ordre, tuant trois policiers.

A ce jour, l'ordre a été rétabli dans treize favelas, situées essentiellement dans les zones résidentielles, et plus de 200.000 habitants se sont affranchis de la férule des trafiquants.

A Rio, près de deux millions d'habitants (soit un tiers de la population intra-muros de la ville) vivent dans plus de mille favelas. D'ici à 2014, cent d'entre elles seront "pacifiées".