
Dans un faubourg de Dakar, le garage Femme auto est l'un des deux seuls au Sénégal à être gérés par une femme. Les stéréotypes ayant la vie dure, les femmes diplômées en mécanique automobile se comptent sur les doigts d'une main.
Sipres 2, un faubourg de Dakar. Depuis 2006, le garage Femme auto est l'un des deux seuls au Sénégal à être gérés par une femme. Au milieu du cambouis et des boulons, 6 femmes mécanos travaillent à temps plein dans cette entreprise qui compte 15 salariés. Avec les 5 millions de francs CFA (7 623 Euros), que Ndeye a réunis pour lancer son activité, elle compte aujourd'hui parmi ses clients les plus fidèles des véhicules de sociétés. Ndeye Coumba Mboup, gérante du garage Femme Auto expliqe : "Je ne recevais que des promesses, je n'ai rien reçu de l'Etat. Finalement je me suis dit que j'allais essayer de me battre et essayer de voir comment je peux faire. Parce que ce que je voulais le plus, c'était de venir en aide aux mécaniciens qui sont au chômage. Surtout aux mécaniciennes qui suivent des formations et qui n'ont pas d'embauches au niveau des sociétés."
D'autres diplômées rencontrent des difficultés à s'insérer sur le marché de l'emploi dans des catégories socioprofessionnelles d'ordinaire réservées aux hommes. Ainsi les Taxi Sisters ont été lancées en 2007, avec l'appui du Fond National pour la promotion de l'entrepreneuriat féminin. 70 millions de francs CFA (106 700 euros) ont été injectés dans 10 taxis. Leur recette moyenne quotidienne de 8 000 francs CFA (12 Euros), devrait leur permettre de racheter leurs véhicules dans 5 ans.
Des collègues masculins sceptiques
Mabelle Aissata Gueye des Taxi Sisters raconte : "Moi j'ai toujours aimé faire du taxi de toute façon. J'avais envie de le faire quand j'avais 18 ans mais ma mère s'y était opposée." La même année que Coumba la garagiste, Mabelle est diplômée en électrotechnique. Après 3 ans de chômage, elle a été sélectionnée pour se reconvertir en Taxi Sisters. Tous les jours de 7h à 19h, elle sillonne la ville et se heurte parfois encore à des collègues masculins sceptiques : " Ils nous créaient des problèmes sur la route, ils nous coinçaient... Bon, ils ont tout fait, ils ont même dit des mots que l'on a entendu, ils nous on traités de tous les noms, mais ce n’est pas tout le monde quand même."
Pour lutter contre les stéréotypes auxquels sont confrontées les femmes actives, plusieurs institutions ont pris les choses en main, c'est l'exemple de la Direction de l'entrepreneuriat féminin. Dr Marème Cisse Thiam, directrice de l'entrepreneuriat eéminin au Sénégal raconte : "Nous allons lancer un programme de la promotion de l'esprit d'entreprise au niveau des différents établissements. Nous l'avions déjà commencé, mais nous allons encore insister, parce que nous sentons que jusqu'ici les blocages persistent et il faut la sensibilisation." Malgré les discours et les encouragements, les exemples cités dans ce reportage restent isolés.