Amiante, sang contaminé... La nocivité du Médiator, médicament contre le diabète accusé d'avoir tué quelque 500 personnes en 1976 et 2009, fait ressortir le spectre des scandales sanitaires qui ont touché la France depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le Mediator, traitement contre le diabète utilisé comme coupe-faim et incriminé dans un rapport accablant de l’Afssaps, est accusé d’avoir tué quelque 500 patients entre1976, date de sa mise sur le marché, et novembre 2009, date de son interdiction. Mais auparavant, d'autres affaires de santé publique avaient défrayé la chronique en mettant notamment en cause le rôle de l'État et celui des industriels. Voici une liste non exhaustive des scandales sanitaires qui ont éclaté depuis 1945.
L’amiante
Ce matériau hautement cancérigène a été massivement utilisé en France (malgré la connaissance de sa dangerosité) par les travailleurs en bâtiment après la Seconde guerre et jusqu’à son interdiction en 1997. Selon un rapport du Sénat de 2005, l’attentisme criminel des industriels et de l'État est aujourd'hui à l'origine d'une hécatombe estimée à 35 000 décès entre 1965 et 1995, et à 100 000 d'ici à 2025. En 2000, le tribunal administratif de Marseille juge l'État "responsable des conséquences dommageables du décès" de quatre personnes contaminées. C'est alors la première fois que l'État est directement mis en cause.
Le scandale du Distilbène
A partir de 1948, le Distilbène, une hormone de synthèse, est prescrite à des millions de femmes enceintes à travers le monde pour prévenir les fausses couches. Dès 1953, son inefficacité est démontrée et, en 1971, de graves malformations chez les enfants de mères traitées sont formellement attribuées à cette hormone. Rien n'y a fait : si les États-Unis le retirent immédiatement du marché, la France attendra jusqu’à l'année... 1977.
Le Chlordécone
Pendant vingt ans, de 1973 à 1993, le chlordécone, un insecticide, a été utilisé en Martinique et en Guadeloupe pour lutter contre un parasite : le charançon de la banane. Une étude, publiée dans le Journal of Clinical Oncology, et menée entre 2004 et 2007 par Pascal Blanchet du CHU de Pointe-à-Pitre et le Dr Luc Multigner de l'Inserm, confirme que l’insecticide est responsable d'un accroissement significatif du risque de cancer de la prostate. Leurs conclusions montrent que les hommes exposés ont 80 % plus de risque de développer ce type de cancer.
L’hormone de croissance
Depuis les années 1980, 120 personnes sont mortes de la maladie incurable de Creutzfeldt-Jacob après avoir suivi un traitement pour favoriser leur croissance. Après vingt ans de procédure, quatre mois de procès en première instance et une relaxe générale, les familles des victimes se sont pressées à l'ouverture du procès en appel qui a débuté en octobre.
Le scandale de l’Isoméride
Mis sur le marché en 1985 pour lutter contre l’obésité, ce coupe-faim miracle, commercialisé par les laboratoires Servier jusqu’en 1997 et auquel plus de 5 millions de Français ont eu recours, est la cause de complications pulmonaires gravissimes. L'Isoméride sera retiré de la vente en France après la découverte de cas d'hypertension artérielle pulmonaire, dès 1995, et d'anomalies des valves cardiaques, en juillet 1997. Il serait responsable d’au moins 40 morts.
Le sang contaminé
C’est l’un des dossiers les plus douloureux du pays. Le drame du sang contaminé s'est transformé en scandale en avril 1991, lorsque l’hebdomadaire L’Événement du Jeudi publie un rapport prouvant que le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) a sciemment distribué, en 1985, des produits sanguins contaminés, entrainant la contamination d’hémophiles par le VIH. L'ancien Premier ministre Laurent Fabius et les anciens ministres Georgina Dufoix et Edmond Hervé comparaissent du 9 février au 2 mars 1999 devant la Cour de justice de la République (CJR) pour "homicide involontaire". Mais, en 2003, les dernières procédures s’achèvent avec la relaxe générale de tous les politiques et médecins poursuivis depuis 1994.