Les collections de prêt-à-porter masculin, pour l'hiver 2009-2010, ont débuté sur les chapeaux de roue. Jean Paul Gaultier lance une ligne de vêtements pour enfants. Chez Hugo Boss et Yamamoto, une déclinaison sur le thème de l'austérité.
AFP - Effet de la crise ou pas, un vent d'austérité nordique, quasi-monacale, a soufflé sur les premières collections de prêt-à-porter masculin pour l'hiver 2009-2010 présentées jeudi à Paris, et même le golden boy Louis Vuitton a perdu de sa superbe, optant pour un luxe moins tapageur.
Une note d'humour a cependant été apportée par Jean Paul Gaultier qui, explique son entourage, a évoqué "les tribus musicales du Londres des années 70-80", en faisant déferler sur le podium des hommes, femmes et enfants coiffés de perruques afro noires, blondes ou rousses.
La moitié des mannequins était noirs, ce qui a été remarqué par le public, deux jour après l'investiture de Barak Obama, premier président métis des Etats-Unis.
L'allure est dynamique, avec des sangles qui s'enroulent sur les pantalons, les plaquant sur les jambes, des harnais portés sur des chemises ou des pulls, des bérets qui s'accrochent aux tignasses, de gross pulls en laine mélangeant les points et les couleurs.
Dans un brouillage des genres cher au couturier, silhouettes masculines et féminines se confondent, notamment avec des jupes sur pantalons.
Chez Hug/fmo Boss, le Belge Bruno Pieters avait donné le ton de cette première journée de défilés avec des hommes au teint blafard, cheveux gominés et petites lunettes noires, aux silhouettes sombres, fine cravate noire sur chemise blanche, pantalon moulant le mollet, vestes strictes à col mao et boutons invisibles.
Des jeux graphiques, mêlant différents quadrillages noirs et blancs, et l'éclat d'un pull rouge rompent à peine l'austérité de ce vestiaire présenté --hasard ou clin d'oeil-- au couvent des Cordeliers, un ancien monastère de Saint-Germain des Prés.
"J'ai été inspiré par l'expressionisme allemand", explique Bruno Pieters dans un texte remis au public.
Le défilé s'est tenu dans un contexte difficile pour Hugo Boss, qui vient d'annoncer une réduction de ses effectifs d'environ 5% en Allemagne, soit quelque 150 postes.
L'austérité était de mise aussi chez un nouveau venu du calendrier, Francisco Van Benthum. Ce styliste né aux Pays-Bas a proposé un vestiaire d'une élégance ecclésiastique avec des cols fermés noir et blanc de curé, des demi-jupes plissées noirs portées sur des pantalons, de longues tuniques ceinturées, de longs manteaux noirs, des pantalons larges et courts, portés sur d'autres plus étroits.
Le noir, le bleu marine et le blanc composent l'essentiel de la palette de couleurs. Quelques pièces rouge carmin apportent des touches de lumière à cette garde-robe de clergyman.
Le styliste reconnaît s'être inspiré des vêtements liturgiques des prêtres, cardinaux et évêques, mais aussi des enfants de coeur.
On était loin de cette austérité chez Louis Vuitton. L'homme Vuitton se coiffe de curieux bonnets hauts en laine ou de casquettes, porte des vestes moirées aux couleurs discrètes, avec de micro-motifs, des superpositions de blouson, gilet, chemise, des pantalons longs et souples.
Plus que jamais, il aime les bagages maison, au point d'en emporter parfois plusieurs en même temps. Mais le golden boy conquérant a cédé la place à un homme d'affaires qui privilégie le luxe discret.
Le styliste Paul Helbers, qui travaille sous la supervision de Marc Jacobs, dit avoir songé à "la garde-robe de voyages d'afaires d'un roi africain", dans un texte remis aux invités. D'où les "motifs complexes", parfois africains, la présence constante de plusieurs couches, le "choc de matérieux ou de textures pour créer la profondeur".
La collection a été applaudie notamment par le rappeur Kanye West, qui a dessiné les baskets colorées de la collection.