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Nicolas Sarkozy accepte la démission du gouvernement de François Fillon

Nicolas Sarkozy a accepté samedi la démission du gouvernement, ouvrant la voie au remaniement ministériel annoncé depuis cinq mois. L'incertitude demeure sur la reconduction de François Fillon au poste de Premier ministre.

AFP - Nicolas Sarkozy a lancé samedi soir la première étape du remaniement, en annonçant par surprise la démission du gouvernement de François Fillon, et a décidé de faire durer le suspense puisque que le nom du Premier ministre, censé conduire la nouvelle étape de son action ne sera pas connu dans la foulée.

"Chaque chose en son temps", a-t-on commenté laconiquement à l'Elysée auprès de l'AFP. "Non pas ce soir", a insisté un proche du chef de l'Etat comme on lui demandait si le nom du Premier ministre serait connu dans la soirée ainsi que l'ensemble de son équipe gouvernementale.

Le chef de l'Etat ne dispose d'aucun délai pour prendre sa décision. Dans l'attente d'un nouveau gouvernement, le gouvernement démissionnaire expédie les affaires courantes, de sorte qu'il n'y a pas de vacance de pouvoir.

Peu après 19H30, la présidence de la République a diffusé un communiqué annonçant qu'en "application de l'article 8 de la Constitution, François Fillon a présenté au président de la République la démission du gouvernement".

"Le président de la République a accepté cette démission et a ainsi mis fin aux fonctions de François Fillon", a ajouté la présidence.

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Retour sur le mandat de François Fillon
Nicolas Sarkozy accepte la démission du gouvernement de François Fillon

Ce communiqué a été publié alors que le chef de l'Etat avait reçu à la mi-journée, de 11H30 à 13H00, François Fillon, avant de le recevoir de nouveau en fin de journée, comme l'a constaté un photographe de l'AFP. Sourire aux lèvres, M. Sarkozy a ostensiblement serré longuement la main du Premier ministre sortant à son départ de l'Elysée peu après 19H30.

Cette démission est la première étape du remaniement gouvernemental attendu depuis cinq mois et que des sources gouvernementales et de l'UMP annonçaient pour lundi.

L'hypothèse d'une reconduction de M. Fillon à Matignon, donnée samedi comme quasi certaine par des sources gouvernementales et à l'UMP, a pris encore davantage de force dans la soirée. "C'est fait à 100%", ont affirmé deux membres de l'UMP.

Le numéro deux du gouvernement, Jean-Louis Borloo, qui convoitait Matignon, a été reçu quant à lui vers 17H30 par le président. Rien n'a filtré de cet entretien. Dans la soirée, M. Borloo était injoignable.

Dans le cas d'une reconduction de François Fillon, le ministre de l'Ecologie avait réaffirmé vendredi qu'il serait "élégant".

Le chef de l'Etat a décidé d'accélérer le calendrier, pour une raison qui n'était pas connue officiellement samedi soir. "Nicolas Sarkozy veut surtout montrer qu'il est maître du calendrier et que c'est lui qui décide", a commenté samedi soir un membre de l'UMP.

Dans la journée, depuis Bordeaux, l'ancien Premier ministre Alain Juppé avait bousculé le protocole des institutions, en annonçant implicitement lui-même son retour au gouvernement. Il devrait, selon des sources gouvernementales, prendre le portefeuille de ministre de la Défense, détenu actuellement par Hervé Morin.

Annoncé en juin, ce remaniement, véritable casse-tête pour le président qui n'aime guère ce type d'exercice, a viré au fil des semaines au bras de fer entre l'actuel locataire de Matignon et Jean-Louis Borloo, poussé par l'Elysée.

Revirements de situation accompagnés de fortes crispations ont donné le tournis à la majorité, qui soutient massivement M. Fillon.

Fin septembre, ce dernier avait lui-même évoqué son après-Matignon, prenant ensuite par petites touches ses distances avec le président, à mesure que l'option Borloo prenait corps. Puis le 3 novembre, retournement de situation au profit de François Fillon, qui a fait part de son désir de rester.

Samedi, l'ex Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a plaidé pour un changement de Premier ministre, craignant "le conservatisme" et le statu quo", appelant à une "rupture à caractère social".