Les 21 pays d'Asie-Pacifique (Apec) sont réunis jusqu'à dimanche, à Yokohama (Japon), pour y discuter de la libéralisation des échanges économiques. Au centre des débats : la stabilité financière mondiale sur fond de rivalité sino-américaine.
AFP - Les pays d'Asie-Pacifique (Apec) ont commencé samedi à discuter de la libéralisation des échanges dans cette région représentant la moitié du PIB mondial, sur fond de rivalité entre les Etats-Unis et la Chine.
Le sommet, organisé jusqu'à dimanche dans le port de Yokohama, près de Tokyo, a été inauguré par le Premier ministre japonais Naoto Kan en présence des représentants de 21 économies d'Asie-Pacifique, dont les présidents américain Barack Obama, chinois Hu Jintao et russe Dmitri Medvedev.
Le chef de l'exécutif américain a affirmé sa volonté d'ancrer les Etats-Unis en Asie, en prêchant en faveur de la conclusion d'un pacte de libre-échange transpacifique (TPP).
"La sécurité et la prospérité du peuple américain sont inextricablement liées à la sécurité et la prospérité en Asie", a déclaré M. Obama dans un discours.
Au lendemain de la réunion du G20 à Séoul, où les propositions américaines ont été critiquées, M. Obama a défendu sa politique économique.
La Chine et l'Allemagne, principaux exportateurs mondiaux, ont fustigé à Séoul la décision de la banque centrale américaine (Fed) d'injecter 600 milliards de dollars dans les circuits financiers, ce qui permet, selon elles, d'affaiblir artificiellement le dollar pour avantager les exportations américaines au risque de menacer la stabilité financière de la planète.
Washington accuse de son côté la Chine de maintenir sa monnaie, le yuan, à un niveau sous-évalué afin de rendre ses produits plus compétitifs et exige qu'elle réduise son énorme excédent commercial.
Un haut responsable américain a déclaré samedi que les Etats-Unis attendaient de Pékin des progrès sur le cours du yuan d'ici à la visite en janvier du président chinois Hu Jintao à Washington.
Dans un discours, le numéro un chinois a répliqué vertement qu'il ne fallait pas en demander trop aux pays émergents, afin de ne pas entraver leur croissance.
"Leur demander d'assumer des responsabilités et des obligations au-delà de leurs capacités et de leur niveau de développement ne fera aucun bien à la coopération internationale et au développement mondial", a-t-il dit. "Cela ne pourra qu'occasionner des dommages aux marchés émergents d'Asie-Pacifique".
Interrogé sur la rivalité sino-américaine, le directeur-général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a renvoyées les deux géants économiques dos à dos.
"Chacun pense que les autres doivent faire plus d'efforts que soi-même", a-t-il déclaré à l'AFP. "Les Chinois font des efforts en déplaçant le centre moteur de leur croissance vers un modèle qui est moins centré sur l'export et plus centré sur la demande interne, cela ne va pas se faire en cinq minutes mais il faut qu'ils le fassent le plus vite possible", a-t-il relevé.
"D'un autre côté, il faut que les pays développés fassent des efforts aussi pour modifier leurs propres déficits. Chacun a son travail à faire chez soi", a-t-il ajouté.
Le sommet de l'Apec a été l'occasion pour le Premier ministre japonais de renouer le dialogue avec ses deux voisins russes et chinois, après plusieurs semaines de tension due à des litiges territoriaux.
Lors de leur rencontre, MM. Kan et Hu ont tous deux réaffirmé leur souveraineté sur un groupe d'îles de la mer de Chine orientale, administrées par Tokyo, mais revendiquées par Pékin. Mais ils ont estimé que "des relations stables et mutuellement profitables" étaient "importantes pour le développement pacifique de la région", selon un porte-parole nippon.
M. Kan a ensuite protesté auprès de M. Medvedev contre la visite qu'il a effectuée début novembre sur l'une des quatre îles des Kouriles occupées par Moscou depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.