La page Facebook du site Monster.com s’est transformée pendant une semaine en cahier de doléances pour Américains en difficulté. L’administration Obama a promis de répondre aux questions les plus populaires.
C’est un flot ininterrompu. Le président américain, Barack Obama, s’attendait-il à un tel déluge de questions ? Son administration a voulu offrir aux Américains un espace pour l’interpeller sur sa politique en matière d’emploi. Ils ne se sont pas fait prier.
La Maison Blanche a donc passé un accord avec Monster.com : pendant une semaine, la page Facebook du site de recherche d’emplois devient un gigantesque cahier de doléances.
En moins de 24 heures, des centaines d’internautes se sont déjà exprimés. La plupart commence par "M. le Président, j’ai perdu mon travail il y a…". On retrouve des petites et des grandes misères, des tranches de crise, des coups de gueule et le désenchantement. Mais surtout, ces témoignages offrent un éclairage inédit sur les problèmes au quotidien de millions d’Américains.
Generation "99ers"
L’une des principales préoccupations concerne ce que Jessica Weingarten appelle, entre autres, "la discrimination à l’encontre des plus de 50 ans"'. "Je suis trop vieux pour être engagé mais trop jeune pour partir à la retraite, que faire ?", s’interroge ainsi Cindy Paoletti. Les délocalisations sont souvent pointées du doigt comme cause principale de cette situation.
Un autre groupe se révèle particulièrement virulent : celui des "99ers". Ces chômeurs qui arrivent au terme des 99 semaines d’allocations chômage et qui ne voient pas le bout du tunnel. "Depuis que j’ai perdu mon travail en février 2009, je n’ai pu avoir que deux entretiens d’embauche. Je prie tous les jours pour trouver un travail. Mon conseiller me dit simplement que mes allocations vont prendre fin dans deux mois. Mais mes factures ne s’arrêteront pas, elles, du jour au lendemain", se désole Jennifer Donaldson Haney. "Ne vous étonnez pas si à la fin de nos allocations, nous n’ayons d’autres choix que d’organiser une grande marche sur Washington", prévient Cathy Millen.
Si quelques internautes profitent du déplacement en Inde de Barack Obama pour lui reprocher ainsi de "légitimer les délocalisations", le Président est bien moins souvent mis en cause que les entreprises. Ce n’est pas tant leur "rapacité" qui irrite que leur refus d’engager des gens endettés. "Je me demande si quelqu’un à Washington va enfin se décider à poser la question de savoir en quoi mes problèmes de dettes vont me rendre moins performant au travail", demande Hannah Sellers. Les entreprises ont en effet le droit de connaître ce qu’on appelle "le score de crédit" d’un candidat, ce qui reflète sa capacité à rembourser ses dettes.
"Est-ce cela le rêve américain, M. le Président ? Qu’avons-nous fait pour mériter ça ?", conclut Heinrich Pierce. La semaine prochaine, le gouvernement répondra aux questions jugées les plus populaires par les utilisateurs de Facebook.