Nette victoire annoncée des républicains à la Chambre des représentants dont John Boehner devrait prendre la présidence. Au Sénat en revanche, malgré la perte d'un certain nombre de sièges, les démocrates conserveront une courte majorité.
Sans surprise, les élections de mi-mandat - qui s’annonçaient difficiles pour le parti démocrate - ont tourné en faveur des républicains. Selon les dernières projections des médias américains, et alors que le décompte des voix se
poursuivait mercredi, les républicains se sont emparés de la majorité à la Chambre des représentants. Le parti républicain, qui a gagné 60 sièges, contrôleraient 240 des 435 sièges de la Chambre basse. Il fallait au Grand Old Party – surnom du Parti républicain – ravir 39 sièges aux démocrates pour devenir majoritaire.
"Nous espérons que le président Obama va désormais respecter la volonté du peuple, changer de cap et s'engager à faire les changements que les Américains demandent", a déclaré le républicain John Boehner, qui devrait être élu en janvier à la tête de la majorité à la Chambre des représentants. À l’annonce des résultats, la Maison Blanche a fait savoir dans un communiqué qu’elle souhaitait trouver "un terrain d’entente" avec les républicains et ainsi "faire avancer le pays". Le président américain a joint par téléphone plusieurs dirigeants républicains, dont John Boehner, pour les féliciter de leur victoire, plus importante que lors du raz-de-marée républicain à la Chambre sous Bill Clinton, en 1994. Le Grand Old Party avait alors gagné 52 sièges.
Deux ans après son élection, le président Obama n'a plus les coudées franches pour mettre en œuvre ses réformes et devra passer par des compromis pour les faire aboutir au Congrès.
Le Sénat reste aux mains des démocrates
Au Sénat, autre enjeu majeur de ces élections, les républicains n’ont gagné que six sièges, alors que le décompte se poursuivait dans trois Etats, selon les médias américains. Le gain de dix sièges était requis pour le contrôle de la Chambre haute. Les démocrates ont sauvé leur majorité en remportant des victoires déterminantes en Virginie occidentale (est), grâce à Joe Manchin, et surtout dans le Nevada (ouest). Harry Reid, chef de la majorité du Sénat, y conserve son siège, très disputé par la candidate du Tea Party, Sharron Angle. En Californie, les démocrates ont pu se consoler avec l'élection de Jerry Brown au poste de gouverneur, où il succède au "Governator" républicain Arnold Schwarzenegger, qui ne pouvait se représenter après deux mandats successifs. Dans cet État berceau des nouvelles technologies, l'ancienne patronne d'Hewlett-Packard Carly Fiorina, sous les couleurs républicaines, n'a pas réussi à empêcher la démocrate Barbara Boxer de remporter un quatrième mandat de sénatrice.
Enfin, les républicains ont ravi, au vu des résultats disponibles pour l'instant, dix sièges de gouverneur aux démocrates. Au Nouveau-Mexique, la républicaine Susana Martinez, proche de Sarah Palin, est devenue la première femme gouverneur d’origine hispanique du pays. En Caroline du Sud, Nikki Haley devient la première femme gouverneur d’origine indienne.
L’affirmation du Tea Party
Malgré la défaite dans le Delaware de Christine O’Donnell, l’une des figures emblématiques du Tea Party, le scrutin a mis au jour la montée en puissance de ce dernier.
Dans le Kentucky, Rand Paul est ainsi devenu le premier membre de ce mouvement élu au Sénat. En Floride, le républicain Marco Rubio, hispanique et étoile montante du Tea Party, l'a emporté dans une triangulaire pour le Sénat, devançant son adversaire indépendant, Charlie Crist. "Nous sommes venus récupérer notre gouvernement", a lancé le nouveau sénateur du Kentucky, après l’annonce de sa victoire.
Le Tea Party a été lancé début 2009, à un moment où la cote de popularité du parti républicain était au plus bas. Il s'inspire des révoltés américains de 1773, protestant contre les impôts de l'Empire britannique sur le thé. Son influence sur le Parti républicain n’a cessé de progresser ces derniers mois.
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© {{ scope.credits }}Campagne anti-Obama
C’est à la fois un soulagement et un motif d’inquiétude pour Barack Obama. La victoire du démocrate Joe Manchin, en Virginie-Occidentale, amenuise les chances républicaines de remporter la majorité au Sénat. D’ailleurs, à 3h30 GMT, les républicains n'avaient pu arracher que quatre sièges à leurs adversaires au Sénat, alors qu'il leur en faudrait une dizaine pour obtenir la majorité.
En revanche, c’est par une campagne très à droite et très critique envers la politique de Barack Obama que Joe Manchin l’a emporté. Ce très populaire gouverneur a notamment contesté le projet de loi sur le climat et l'énergie voulu par le président Obama - dans un État qui vit largement grâce à l’exploitation du charbon – de même que la réforme de la couverture maladie.
Le fait est que toute la campagne des midterms a été marquée par la perte de confiance de l’électorat vis-à-vis du président américain, deux ans à peine après sa triomphale élection à la Maison Blanche. La victoire prévisible des républicains à la Chambre des représentants et le désaveu adressé à Barack Obama, même par des candidats démocrates comme Joe Manchin, restreint considérablement l’aura et la marge de manœuvre politique du président américain.