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Les Brésiliens élisent le successeur de Lula, Rousseff donnée grande favorite

Les Brésiliens votent pour élire leur nouveau chef de l'État, ce dimanche. Selon les derniers sondages, le scrutin ne devrait être qu'une formalité pour Dilma Rousseff, la dauphine de Lula, donnée grande favorite de ce second tour.

En glissant son bulletin dans l’urne d’un bureau de vote - à l’instar de 136 millions de Brésiliens - Dilma Rousseff, la candidate du Parti des travailleurs (PT) s’est déclarée "confiante". Et pour cause : sauf coup de théâtre, la dauphine du président sortant Luiz Inacio Lula da Silva devrait largement remporter le second tour de l’élection présidentielle qui se déroule ce dimanche. 

Un sondage réalisé à la sortie des urnes indique en effet que la candidate du PT remporterait l’élection avec 57 % des suffrages, contre 43 % pour son adversaire, le social-démocrate José Serra.

Le fait que le scrutin se déroule au cours du week-end prolongé de la Toussaint joue en faveur de la dauphine de Lula. De nombreux électeurs de la classe aisée de la population, plutôt favorable à José Serra, sont partis en villégiature et ne se rendront pas aux urnes. Le vote est certes obligatoire dans le pays, mais l’amende à laquelle s’exposent les contrevenants n’est guère élevée : elle équivaut à un peu plus d’un euro. "On s’attend à un taux d’abstention record dans l’histoire du pays, rapporte Pierre-Ludovic Viollat, le correspondant de France 24 à Sao Paulo. Il pourrait avoisiner 25 %."

Violente campagne anti-Dilma 

Le 3 octobre dernier, Dilma Rousseff était arrivée largement en tête du premier tour de la présidentielle en recueillant près de 47 % des suffrages. Seul le score inattendu de la candidate du Parti vert l’avait empêchée de remporter le scrutin dès le premier tour. Ex-ministre de l’Environnement de Lula, Marina da Silva avait alors obtenu près de 20 % des voix. José Serra, candidat libéral et principal adversaire de Dilma Rousseff, en avait rassemblé quant à lui un peu plus de 36 %. 

La campagne de l’entre-deux tours a été d’une rare violence. Érigée en arbitre du second tour, Marina da Silva n’a donné aucune consigne de vote à ses partisans, déclenchant une bataille acharnée entre les deux finalistes. Les accusations de corruption ont volé de part et d’autres. La dauphine de Lula a notamment fait l'objet d'attaques virulentes du camp Serra. 

De leur côté, les milieux conservateurs et religieux ont ressorti une vidéo datant de 2007 dans laquelle Dilma Rousseff se déclarait favorable à l’avortement. "Il s’agit d’une question de santé publique, et non de savoir ce que je pense en mon for intérieur", avait-elle alors assuré. 

L’atout Lula 

Ces propos ont déclenché un tollé dans le pays où neuf personnes sur dix se déclarent chrétiennes. La candidate a alors vu les intentions de vote en sa faveur dégringoler. À la mi-octobre, les sondages les plus défavorables lui donnaient une avance d’à peine quatre points sur son adversaire, alors qu’à la veille du premier tour, elle avait compté jusqu’à 25 points d’avance sur lui.

Face à la polémique, Dilma a affirmé être "en faveur de la vie" et a dû se fendre d’une lettre aux églises évangéliques. Pour redorer son image auprès des électeurs chrétiens, la candidate du PT est apparue quelques jours plus tard, très pieuse, au sanctuaire d'Aparecida, la sainte patronne du Brésil, près de Sao Paulo. 

Pendant cette période, la candidate a bénéficié d’un atout majeur : le soutien indéfectible de Lula. Un soutien en or : après huit ans à la tête du Brésil, le président sortant est crédité de 82 % d’opinions favorables. "Le transfert de popularité a extrêmement bien fonctionné, analyse encore Pierre-Ludovic Viollat. Dilma Rousseff, qui était encore inconnue de la majorité des Brésiliens il y a quelques mois, va devenir la première femme présidente du Brésil."