Candidate du Parti des travailleurs et dauphine du président sortant Lula, Dilma Rousseff devient la première femme élue à la tête du Brésil. Elle a battu le social-démocrate José Serra au second tour de l'élection présidentielle.
Dilma Rousseff devient la première femme élue à la tête du Brésil. La candidate du parti au pouvoir, le Parti des travailleurs (PT), a remporté dimanche le second tour de l’élection présidentielle brésilienne face au social-démocrate José Serra.
La dauphine du président sortant Luiz Inacio Lula da Silva a obtenu près de 56 % des suffrages, contre 44 % en faveur de son adversaire, selon des chiffres officiels.
"Dilma Rousseff était inconnue de la plupart des Brésiliens il y a encore quelques mois et,
aujourd’hui, elle bat José Serra, un vieux routard de la politique, souligne Pierre-Ludovic Viollat, correspondant de France 24 à Sao Paulo. C’est un grand pari que vient de remporter le président sortant Lula : celui de transférer sa popularité sur Dilma Rousseff." Après huit ans à la tête du pays, Luiz Inacio Lula da Silva jouit d’une cote de popularité hors norme - plus de 82 % de bonnes opinions - auprès des Brésiliens. Sous son mandat, le Brésil s’est hissé au neuvième rang des puissances mondiales et est devenu le leader de l’Amérique du Sud.
Élue, Dilma Rousseff doit désormais faire ses preuves. "Il faut maintenant qu’elle montre qu’elle n’est pas seulement une marionnette dans les mains de Lula, comme le disent ses adversaires, commente Pierre-Ludovic Viollat. Elle a une carrure de technocrate, mais pas forcément celle d’une femme politique."
À 62 ans, Dilma Rousseff, qui fut guérillera à l'époque de la dictature militaire, n’a jamais remporté de mandat électif. Tour à tour secrétaire d’État à l’Énergie dans l’État de Rio Grande do Sul, dans le sud du Brésil, puis ministre de l’Énergie et enfin chef de cabinet de Lula, cette fille d’immigrant bulgare n’avait jamais visé la magistrature suprême avant que Lula ne l’adoube en 2010.
Campagne de dénigrement
La date du scrutin a joué en faveur de la candidate du PT. Au cours du week-end prolongé de la Toussaint, de nombreux électeurs de la classe aisée de la population, plutôt favorable à José Serra, sont partis en villégiature et ne se sont pas rendus aux urnes.
Reste que la victoire de Dilma Rousseff ne faisait guère de doute. Les résultats sont d'ailleurs à peu près conformes aux dernières enquêtes d’opinion parues dimanche. Mais ces résultats sont loin de ceux qu’elle pouvait espérer à la veille du premier tour. À l'époque, la candidate caracolait dans les sondages, devançant de 25 points son principal concurrent.
Sans pour autant renverser l’élection, la violente campagne de dénigrement menée par le camp de José Serra à son encontre pendant les trois semaines de l’entre-deux-tours a donc réussi à l’affecter. Les milieux conservateurs et religieux ont notamment ressorti une vidéo datant de 2007 dans laquelle Dilma Rousseff se déclarait favorable à l’avortement. "Il s’agit d’une question de santé publique, et non de savoir ce que je pense en mon for intérieur", avait-elle alors assuré.
Dans un pays où neuf personnes sur dix se déclarent chrétiennes, ces propos ont déclenché une intense polémique et fait chuter les intentions de vote en sa faveur. La candidate avait tenté de redorer son image auprès des électeurs chrétiens en promettant de ne pas toucher à la loi sur l’avortement si elle était élue.