, envoyé spécial à Abidjan – Au dernier jour de la campagne électorale, les trois principaux candidats au fauteuil présidentiel se sont livrés à une démonstration de force par militants interposés. Reportage en images dans la capitale économique ivoirienne.
Il aura fallu attendre le dernier jour de la campagne présidentielle pour qu’Abidjan entre en effervescence. À deux jours du premier tour d’un scrutin que tout le monde dans la capitale économique qualifie d'"historique", les militants des principaux candidats ont envahi les rues de la ville pour vanter les mérites de leurs poulains.
En ce vendredi décrété férié afin de permettre aux retardataires de récupérer leurs cartes d’identité et d’électeur, les trois grands favoris du scrutin que sont le président sortant Laurent Gbagbo, l’ancien chef de l’État Henri Konan Bédié et l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara ont voulu mobiliser le maximum de supporters. Objectif : remporter la guerre des images.
Grand-messe et "parade de la paix"
Mission accomplie pour le chef de l’État et candidat du Front populaire ivoirien (FPI) qui a tenu son dernier meeting dans un stade Houphouët-Boigny archi-comble. Dès 7 heures du matin, des milliers de partisans ont convergé vers le lieu de rendez-vous, armés de leurs incontournables sifflets. Sous l’œil vigilant des forces de l’ordre mobilisées pour l’occasion, un cortège incessant de supporters pro-Gbagbo s’est déployé tout au long de la journée aux abords du stade en scandant leur double slogan favori : "On va installer Gbagbo ! Y’a rien en face !"
Une foule qui est loin d’impressionner Moussa, partisan d’Alassane Dramane Ouattara (dit ADO). "Si tous les gars du RDR [Rassemblement des républicains] descendaient d’Abobo et de Yopougon pour venir ici, il y aurait plus de monde." Pour son dernier tour de piste, l’ancien Premier ministre a sillonné plusieurs quartiers de la capitale économique debout dans une voiture. Le long du boulevard Valéry-Giscard-d’Estaing, les sympathisants RDR ont attendu cette "grande parade de la paix" en se trémoussant joyeusement sur les refrains de leur hit "ADO Solutions"... tout en invectivant gentiment les passagers des bus FPI passant – par hasard ? – sur les lieux. Les amabilités fusent : "Gbagbo, président voleur" pour les uns, "ADO Saucission" pour les autres.
Au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dans la commune de Cocody, à Abidjan, l’ambiance se voulait plus calme. L’ex-chef de l’État Henri Konan Bédié ayant réservé sa grand-messe finale à la ville du Grand Lahou, dans le sud-ouest du pays.
Aléas logistiques
Mais, à Abidjan, tout le monde n’a pas pu venir applaudir son candidat. Toute la journée, des centaines de personnes ont fait la queue devant l’Office national de l’identification pour récupérer leurs cartes d’identité et d’électeur, documents indispensables à quiconque entend prendre part à l’élection de dimanche. Selon les chiffres que la Commission électorale indépendante (CEI) a rendu public mercredi, 85 % des inscrits avaient retiré leurs papiers à Abidjan, et seulement 45 % en province.
À 48 heures de l’ouverture des 20 000 bureaux de vote, de nombreuses interrogations planent encore sur le bon déroulement du scrutin. Au centre des inquiétudes : le décompte manuel et éléctronique des voix, l’acheminement des résultats et la formation ainsi que le déploiement des quelque 60 000 agents électoraux de la CEI sur l’ensemble du territoire.
En dépit de ces aléas logistiques, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci), Choi Young- jin, a estimé jeudi qu’il n’y avait plus aucun obstacle sur la route de la présidentielle, censée mettre un terme à dix années de crise. "La Côte d’Ivoire est prête pour l’élection, et le vote se déroulera sans entrave à la date indiquée."