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L'ex-trader Jérôme Kerviel retourne devant les juges

Convoqué, probablement pour la dernière fois, chez les juges dans l'affaire du scandale de la Société générale, l'ancien courtier Jérôme Kerviel a nié être l'auteur des propos que lui a prêtés, ce jeudi matin, le quotidien Le Parisien.

AFP - Les juges chargés de l'enquête sur les falsifications aux dépens de la Société générale procédaient jeudi à la dernière audition prévue de l'ancien trader Jérôme Kerviel, qui a formellement démenti des propos lui étant prêtés dans Le Parisien le jour même.

Le trader a été confronté dans la matinée à son supérieur hiérarchique direct à la Société Générale, Eric Cordelle, avant d'être entendu dans l'après-midi sur le fond du dossier par les juges Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset.

Les magistrats souhaitent pouvoir boucler leur instruction avant la fin de mois, même si Jérôme Kerviel et ses avocats espèrent la voir se poursuivre, selon ces sources.

En fin de matinée, Me Eric Dupond-Moretti, l'un des avocats de Kerviel, a déploré devant la presse que son client reste le seul mis en cause à l'issue de la confrontation.

"Les rats ont tous quitté le navire", a-t-il lancé en expliquant que chacun au sein de la banque se renvoyait la responsabilité. "On ne sait plus véritablement qui fait quoi et Jérôme reste seul avec sa responsabilité pénale, bien seule et bien lourde", a-t-il déclaré.

Cette journée d'audition avait débuté sur une polémique née de la publication jeudi par le Parisien de propos de Jérôme Kerviel sur l'affaire recueillis "au cours de plusieurs entretiens".

Le trader a immédiatement démenti auprès de l'AFP avoir accordé une interview au quotidien.

"Le peu que j'ai lu m'a fait bondir, je n'ai jamais donné d'interview. Ce sont des phrases sorties de leur contexte, des morceaux mis bout à bout. Ce qui est déclaré dans le journal n'est pas ma vérité", a-t-il déclaré en évoquant "un coup monté".

Mais Me Dupond-Moretti l'a contredit en fin de matinée en déclarant aux journalistes que les propos rapportés avaient bien été tenus même si "la date de la publication n'avait pas été envisagée".

"Quand on parle à un journaliste, on sait que ses propos sont susceptibles d'être publiés, sinon un parle à un ami ou à son épicier", a lancé l'avocat interrogé par la presse sur la nécessité d'obtenir un accord avant publication.

Le Parisien avait assuré auparavant à l'AFP que "ce qui est paru" était "le compte-rendu pesé, réfléchi, responsable des six conversations (d'une) journaliste avec Jérôme Kerviel".

"Il n'y a aucune matière à polémique", a affirmé Dominique de Montvalon, directeur adjoint de la rédaction estimant avoir "le sentiment d'avoir servi l'information et pas desservi M. Kerviel".

La révélation le 24 janvier 2008 de ce qui était alors la plus grosse perte de trading de l'histoire de la finance (4,9 milliards d'euros) avait suscité l'intérêt des médias du monde entier.

Dans Le Parisien, les propos attribués à Kerviel font notamment état de son "sentiment d'une instruction sponsorisée par la Société générale".

"C'est elle qui fournit les pièces sur lesquelles s'appuie le juge Renaud van Ruymbeke. Les expertises indépendantes que nous réclamons sont refusées", affirme-t-il selon le quotidien.

"Mes supérieurs ne se sont pas contentés d'être négligents dans leurs contrôles. Ils savaient ce que je faisais, ils m'ont laissé faire, ils m'ont même encouragé à continuer", soutient-il encore dans le texte de cet entretien.

Cette thèse est avancée depuis de nombreux mois par la défense du trader qui suggère -sans être suivie par les juges- une implication pénale d'autres salariés de la banque.