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Paris et Berlin militent pour réformer la zone euro

Le couple franco-allemand demande aux dirigeants européens, réunis en sommet jeudi à Bruxelles, un compromis sur le traité pour la zone euro. Après la crise grecque, l'objectif serait de renforcer la discipline budgétaire européenne.

AFP - Les dirigeants européens semblaient se diriger jeudi vers un difficile compromis envisageant un changement risqué du traité de l'UE, condition fixée par l'Allemagne pour changer les règles du jeu budgétaire de la zone euro après la crise grecque.

Les chefs d'Etats et de gouvernement européens devaient se rassembler à Bruxelles à partir de 15H00 GMT.

Au centre de la réunion, précédée de vifs échanges, ces derniers jours: le renforcement de la discipline budgétaire européenne et la façon de prévenir de nouvelles crises de la dette.

Les pays de l'UE sont d'accord sur la nécessité de se doter de nouveaux dispositifs pour éviter les dérapages des finances publiques.

Ils doivent adopter un vaste plan d'action en ce sens, préparé sous la houlette du président de l'UE, Herman Van Rompuy. Il prévoit de nouvelles sanctions contre les pays laxistes, ainsi qu'une surveillance renforcée des choix économiques nationaux, même si ce dispositif est moins dur que prévu initialement.

Mais c'est sur un autre volet de la réforme que se concentre le débat: la mise en place permanente d'un "mécanisme de gestion de crise", un Fonds de sauvetage pour les pays en grande difficulté, et l'éventualité pour cela d'une réforme du traité européen.

La pérennisation de ce dispositif, créé pour trois ans seulement au printemps, permettrait de rassurer les marchés.

L'Allemagne, soutenue par la France, demande pour cela de changer le traité de Lisbonne, qui a donné lieu à dix ans de laborieuses négociations et de difficiles ratifications l'an dernier. Elle craint sinon un blocage de sa Cour constitutionnelle car le traité actuel stipule qu'un pays européen ne peut être sauvé de la banqueroute par ses partenaires.

L'idée de se lancer à nouveau dans une révision du traité de Lisbonne, requérant le soutien unanime des 27 pays de l'UE, suscite de fortes résistances en Europe. L'Irlande devra sans doute en passer par un référendum de nature risqué. Et personne ne peut garantir que le président tchèque Vaclav Klaus ne fera pas de difficultés pour apposer sa signature, comme pour le traité de Lisbonne.

Mais face à l'insistance de l'Allemagne, qui a contacté toutes les capitales ces derniers jours, un compromis prudent semble se dessiner.

Le président de l'UE et la Commission européenne seraient chargées d'étudier la façon de mettre en place le Fonds et d'examiner la possibilité d'un changement minimal du traité pour y parvenir, selon des diplomates.

"Nous n'aimons pas l'idée, quelle qu'elle soit, de changer le traité. Nous venons tout juste de ratifier le traité de Lisbonne (...) mais les Allemands estiment avoir un problème constitutionnel et nous devons prendre cela sérieusement en compte", a dit jeudi le Premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen.

"Si le nouveau système requiert un changement de traité, alors il devrait être réalisé", lui a fait écho la Première ministre finlandaise Mari Kiviniemi, estimant que le président de l'UE "devrait préparer des options" en ce sens.

Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a également estimé que les Etats pourraient "travailler" sur le mécanisme, et que "une fois ceci mis sur pied on pourra alors régler la question de la mise en place des règles juridiques nécessaires".

"C'est un travail réalisable qui peut être régler sans agitations", a-t-il ajouté. Son Premier ministre, Jean-Claude Juncker, s'est dit ouvert à une révision "minimale" si nécessaire du traité.

Le chef du gouvernement polonais, Donald Tusk, a indiqué de son côté que les changements envisagés "arrangeaient" son pays.