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La police israélienne a dispersé, avec des gaz lacrymogène et des grenades, une centaine d'Arabes israéliens qui protestaient contre un rassemblement de juifs ultranationalistes dans la ville d'Oum el-Fahem (Nord d'Israël).

AFP - Au moins deux députés arabes israéliens ont été blessés mercredi au cours de heurts dans la ville arabe d'Oum el-Fahem pendant une manifestation de dizaines d'extrémistes de droite juifs perçue comme provocatrice.

Le calme était revenu après une heure d'échauffourées entre plusieurs dizaines de contre-manifestants arabes et la police qui a fait état de dix arrestations.

Au moment même où les manifestants juifs, environ 70 personnes, arrivaient dans la ville (nord d'Israël), la police a tiré des grenades lacrymogènes, des grenades assourdissantes et utilisé un canon à eau pour disperser les contre-manifestants, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Certains des contre-manifestants masqués ont lancé des pierres sur les policiers et les manifestants. D'autres ont allumé un feu au moyen de pneus et de branchages.

La députée Hanin Zoabi, du parti nationaliste arabe de gauche Balad, a été blessée au dos et au cou par une grenade étourdissante, selon le dirigeant du parti Jamal Zahalka.

"Ils viennent contester la légitimité de la présence arabe dans le pays, en coordination avec les extrémistes de droite qui siègent au gouvernement", a affirmé Afou Aghbariyeh, un député communiste arabe originaire d'Oum el-Fahem.

M. Aghbariyeh a indiqué par la suite à l'AFP avoir été conduit à l'hôpital après avoir été touché à la jambe par un tir de grenade lacrymogène.

"Libérez la Palestine!" "Par notre sang et notre âme, nous nous sacrifions pour toi, Palestine", ont scandé les contre-manifestants en brandissant des drapeaux palestiniens.

"Nous ne permettrons pas à ces fascistes, ces racistes nazis d'entrer chez nous", a menacé Ahmad Bweirat, 75 ans.

"Mort aux terroristes!", ont de leur côté scandé les militants juifs qui réclamaient l'interdiction du Mouvement islamique israélien et la prison à vie pour le chef de sa branche radicale, cheikh Raëd Salah, qui a purgé plusieurs peines de prison notamment en raison de ses liens avec les islamistes du Hamas.

"Le Mouvement islamique fait partie du jihad islamique international", a déclaré le député israélien Michael Ben Ari, du parti d'extrême droite Union nationale.

Le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld, a fait état du "retour progressif au calme, après le départ des manifestants juifs" et de l'arrestation de dix lanceurs de pierres, effectuée notamment par des policiers israéliens déguisés en contre-manifestants.

Plus d'un millier de policiers, dont l'unité de police montée et de garde-frontières, avaient quadrillé le secteur, survolé par un hélicoptère.

La manifestation a été dénoncée par le ministre travailliste chargé des Minorités, Avichaï Braverman, qui l'a qualifiée de "provocation destructrice".

Elle avait été autorisée par la Cour suprême après un recours des organisateurs contre un refus de la police il y a quelques mois, selon les médias.

La manifestation coïncide avec le 20e anniversaire, selon le calendrier hébraïque, de l'assassinat à New York du rabbin Méir Kahane, chef du mouvement Kach d'inspiration raciste anti-arabe, interdit en 1994.

Le Mouvement islamique, fondé dans les années 1970, contrôle plusieurs conseils municipaux. Sa branche modérée est présidée par le fondateur du mouvement, cheikh Abdallah Nimr Darwiche.

La communauté des Arabes israéliens, descendant des 160.000 Palestiniens restés sur leur terre après la création de l'Etat juif en 1948, compte 1,3 million de personnes, soit 20% de la population d'Israël.

Elle se dit victime de discriminations, notamment économiques.