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Hasta la vista Schwarzenegger, ne reviens pas !

D’ici le mois de janvier, le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, devra laisser sa place à un nouvel élu. Il ne briguera pas un troisième mandat.

Retour en 2003. M. Muscle, originaire d’Autriche, n’était cette année-là que l’un des 135 californiens candidats au poste de gouverneur. Un casting très hétéroclite comprenant en vrac l’éditorialiste Arianna Huffington, une star du porno et Gary Coleman, l’ancien acteur vedette de la série Arnold et Willy. Les Californiens choisissent Arnold Schwarzenegger, qui bénéficie de l’appui du locataire de la Maison Blanche, George W. Bush. Il remplace le gouverneur démocrate Gray Davis, destitué après son implication dans de sombres magouilles financières.

Qui pourrait oublier la transformation théâtrale de la star hollywoodienne en homme politique ? Le 38e gouverneur de l’État surnommé le "gouvernator" est même réélu en 2006. Mais au terme de ses deux mandats, il a retenu une leçon : même en étant novice, on ne peut pas réinventer la politique. Ses titres de monsieur Univers (décrochés pendant ses années de bodybuilding) et son nom figurant dans la liste "Cent ans de héros et de méchants" du prestigieux American Film Institute ne lui ont pas été d’un grand secours pour diriger la Californie.

Les caisses sont vides

À son élection, Schwarzenegger hérite d'un État en dangereuse perte de vitesse. Ses caisses sont vides : l’État accuse un déficit de plus de six milliards de dollars. En outre, la bulle internet vient d’éclater et, cerise sur le gâteau, les Californiens paient de leur poche le prix d’une crise énergétique sans précédent, qui les plonge dans le noir à plusieurs reprises.

Il débute son mandat avec la pugnacité et la bravoure des héros de film d’action en prenant à bras le corps des questions délicates comme celle de l’immigration. Mais rapidement, les choses se dégradent. En 2005, il tente de faire avancer son programme en organisant un référendum. Les Californiens sont consultés sur huit textes différents. Pas un seul ne passe.

Schwarzenegger comprend le message. Un œil braqué sur les prochaines échéances électorales, il effectue un impressionnant revirement. "J’ai tiré une leçon, et le peuple m’a envoyé un message clair : arrêter la guerre, apaiser la rhétorique, trouver des socles communs et résoudre ensemble les problèmes", a déclaré Schwarzenegger dans un message d’excuses adressé aux Californiens en 2006.

Peu après, le gouverneur commence à prendre ses distances vis-à-vis de George W. Bush en adoptant des positions plus centristes sur des questions sociales – il prend position en faveur du mariage homosexuel -, environnementales et éducatives.

Des records d’impopularité

Toutes ces pirouettes politiques n’ont pas redoré le blason de Schwarzenegger. Après sept ans à la tête de la Californie, l’ancienne star hollywoodienne n'est pas auréolé de gloire, bien au contraire. Derrière lui, il laisse une dette abyssale de 19 milliards de dollars. Sa cote de popularité a dégringolé, oscillant désormais entre 26 et 31 % selon les instituts de sondage.

"Schwarzenegger est impopulaire pour plusieurs raisons", analyse John Fortier, chercheur au sein de l’American Enterprise Institute, un "think tank" conservateur. "Il a d’abord été confronté à une situation économique et fiscale désastreuses. Mais ce qui a aussi joué contre lui, c’est qu’il est un homme sans parti, agissant dans une sorte d’entre- deux, entre démocrates et républicains, sans bénéficier de support de l’un ou de l’autre bord."

Une impopularité telle que les deux candidats à sa succession, le démocrate Jerry Brown et la républicaine Meg Whitman, tentent de se prémunir de tout appui de l’ancien acteur, multipliant même les efforts pour s’en distancier. Seul un gouverneur a été plus impopulaire avant lui : son prédécesseur Gray Davis.