L'épidémie de choléra a déjà provoqué la mort d'au moins 284 personnes et l'hospitalisation de plus de 3 600 autres. Les humanitaires restent vigilants et l'ONU craint une épidémie à l'échelle nationale.
L'épidémie de choléra en Haïti a fait 284 morts, selon un nouveau bilan fourni mardi par les autorités sanitaires du pays qui fait état de 25 décès de plus que la veille, et conduit à l'hospitalisation de 3.612 personnes.
Le précédent bilan était de 259 morts et 3.342 hospitalisations. Les chiffres communiqués mardi par le Dr Roc Magloire du ministère haïtien de la Santé publique font ainsi état de 270 nouvelles hospitalisations.
Le choléra, éradiqué à Haïti depuis plus de 100 ans, a fait son apparition il y a quelques
jours dans le nord du pays en raison de la mauvaise qualité de l'eau potable. La crainte est de le voir se développer à Port-au-Prince, où des centaines de milliers d'Haïtiens s'entassent dans des camps de fortune après le séisme du 12 janvier qui a fait plus de 250.000 morts.
Depuis New York, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU a exprimé son inquiétude.
"Une épidémie d'ampleur nationale avec des dizaines de milliers de cas est une possibilité réelle", a expliqué l'ONU dans un communiqué. "La situation est extrêmement grave et sur la base de l'expérience que nous avons des épidémies ailleurs dans le monde, il serait irresponsable de ne pas se préparer à une épidémie beaucoup plus importante".
Sur place, le gouvernement haïtien a annoncé "une grande mobilisation" au niveau des élus, des communautés locales et des établissements scolaires afin de prévenir la propagation de la bactérie.
Au camp du Champ de Mars, dans le centre de la capitale, où les chaumières en tôle et les tentes en plastique ont pris racine, les déplacés du séisme craignent l'épidémie. "J'ai peur que la maladie s'installe dans les camps", dit Elvia, une jeune femme de 24 ans assise à l'entrée de sa tente, le visage dans la main.
"J'ai peur car personne n'est là pour s'occuper des sinistrés" du camp, ajoute-t-elle. "Nous savons quoi faire pour nous protéger, mais les enfants sont livrés à eux mêmes. Ils ne se lavent pas convenablement et puis, regardez, les toilettes sont juste en face des tentes où nous vivons", dit-elle.
La communauté internationale se mobilise
it Le choléra, une maladie hautement contagieuse causée par une bactérie, provoque de très violentes diarrhées. Des mesures d'hygiène draconiennes et la fourniture d'une eau sûre demeurent en pratique les meilleurs moyens de stopper plus ou moins rapidement la progression d'une épidémie.
L'épidémie durera des années avant d'être éradiquée, a averti le directeur adjoint de l'OPS, Jon Andrus. "A partir du moment où le choléra s'est solidement établi en Haïti, il est clair pour nous qu'il ne disparaîtra pas avant plusieurs années", a-t-il dit.
Les autorités sanitaires et les associations d'aide doivent "s'organiser en conséquence, mobiliser des moyens et développer leurs capacités de réaction en ces sens afin d'aider les Haïtiens sur la durée", a observé M. Andrus.
Plusieurs pays ont déjà annoncé l'envoi d'aide en Haïti. Le Brésil, qui commande la Mission de l'ONU dans le pays (Minustah), se prépare à envoyer notamment des médicaments et des médecins spécialisés. L'Union des nations sud-américaines (Unasur) a envoyé mardi une première cargaison d'aide et l'Equateur, qui préside l'Unasur, a notamment envoyé de l'eau, des antibiotiques et des sels de réhydratation.
La France de son côté prépare l'envoi d'une mission médicale, tandis que les Etats-Unis ont offert à Haïti un millier de lits spécialement équipés pour les malades du choléra.