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L'épidémie de choléra atteint la capitale haïtienne

Alors que le bilan de l'épidémie dépasse les 200 morts, cinq premiers cas de choléra ont été signalés dimanche à Port-au-Prince, où résident quelque 1,3 millions de rescapés du séisme du 12 janvier.

AFP - Le choléra a déjà fait 220 morts en Haïti et touche depuis dimanche la capitale Port-au-Prince, selon les autorités qui tentent d'enrayer l'épidémie dont la propagation est facilitée par les conditions de vie précaires de la population dix mois après le séisme dévastateur de janvier.

Un laboratoire du ministère haïtien de la Santé publique a confirmé tard samedi des cas de choléra dans le département Ouest qui comprend Port-au-Prince, selon un communiqué l'Organisation panaméricaine pour la santé (OPS), liée à l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

A Genève, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a

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"Il ne s'agit pas, pour l'instant, d'un foyer"

confirmé cinq cas de choléra à Port-au-Prince, tout en précisant que "ces cas ne constituaient pas une propagation de l'épidémie car il ne s'agit pas d'un nouveau foyer d'infection".

"Sur les cinq cas confirmés de choléra à Port-au-Prince, quatre se sont avérés être des personnes originaires de l'Artibonite (nord) et une du département Centre", selon l'Ocha. "L'identification de ces cinq cas dans la capitale, bien qu'inquiétante, démontre que le système de surveillance de l'épidémie fonctionne".

Des milliers de sinistrés du tremblement de terre de janvier survivent à Port-au-Prince dans des villages de tentes dans des conditions précaires.

Le choléra, une maladie hautement contagieuse causé par une bactérie, provoque de très violentes diarrhées. En l'absence de soins immédiats basés d'abord sur une réhydratation, cette déperdition gravissime de liquides (un malade peut perdre 10% de son poids en quatre heures) est souvent mortelle.

On sait cependant prévenir les décès dus au choléra, notamment en administrant des antibiotiques, purifiant l'eau et en distribuant des kits d'hygiène.

Haïti, pays le plus pauvre du continent américain, a été ravagé par un puissant séisme le 12 janvier 2010 qui a fait plus de 250.000 morts et 1,5 million de déplacés.

Aucun cas de choléra n'est signalé en République dominicaine, voisin d'Haïti, mais le gouvernement haïtien a "mobilisé un plan d'urgence dans la zone frontière tout en laissant les frontières ouvertes", selon l'OPS.

Le choléra, éradiqué à Haïti depuis plus de cent ans, a fait son apparition dans le nord la semaine dernière en raison de la mauvaise qualité de l'eau potable.

Le pays, où doivent se dérouler des élections présidentielle et législatives le 28 novembre, venait de subir de violentes pluies.

Le fleuve Artibonite, considéré comme le foyer de l'épidémie, est utilisé par la population pour de nombreuses activités quotidiennes.

Selon un directeur régional de la santé, Dieula Louissaint, 12 personnes sont mortes samedi dans le département de l'Artibonite (nord) portant le bilan à 206 décès dans cette région, auquel s'ajoutent 14 morts dans centre.

M. Louissaint craint maintenant des contaminations à l'hôpital: "Nous ne pouvons pas continuer à traiter le choléra dans une structure où nous accueillons d'autres types de malade, il nous faut des centres de soins spécifique".

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Qu'est-ce que le choléra ?

Environ 3.000 personnes ont été admises dans les hôpitaux et centres de santé de la ville de Saint-Marc (nord), débordés par l'afflux de malades.

Médecins sans frontières (MSF-Espagne) a promis d'implanter un hôpital de campagne dans la ville et Oxfam va envoyer des spécialistes pour "mettre sur pied un plan d'alimentation en eau, hygiène et sanitaires pour 100.000 personnes".

Plus de 50 personnes incarcérées dans une prison du centre ont été infectées, et trois détenus sont morts, ont aussi indiqué les autorités.

La situation, décrit comme "le scénario catastrophe" par Mirlande Manigat, favorite à la succession de René Préval à la présidence d'Haïti, est "sous contrôle", a affirmé samedi le Dr Jocelyne Pierre-Louis, fonctionnaire au ministère de la santé. "La population ne doit pas céder à la panique mais respecter plus que jamais respecter les mesures d'hygiène".

Vendredi, le ministère avait lancé un appel demandant à la mission de stabilisation de l'ONU déployée en Haïti de prendre en charge la distribution des médicaments fournis par des instances internationales.