Pour la 3e fois depuis le rétablissement de la vie parlementaire en 2002, les Bahreïnis, à majorité chiite, se sont rendus aux urnes, pour renouveler leurs députés. Les résultats du vote sont attendus dans les prochaines heures.
AFP - Les Bahreïnis ont voté samedi en nombre pour le renouvellement de leur Chambre des députés, une institution aux pouvoirs limités dans ce petit royaume du Golfe où la majorité chiite conteste le monopole du pouvoir par la dynastie sunnite.
Les bureaux de vote ont fermé à 20H00 locales (17H00 GMT) et le décompte des voix a commencé, selon la télévision d'Etat qui a indiqué que les premiers résultats sont attendus dans les "heures qui viennent".
Aucune annonce officielle sur le taux de participation n'a encore été faite mais l'affluence a été importante pendant les douze heures du scrutin notamment dans les circonscriptions où des membres de l'opposition sont candidats.
La composition de la future chambre ne serait connue que dimanche après la publication des résultats définitifs de ces troisièmes élections depuis le rétablissement de la vie parlementaire en 2002, après une suspension de 27 ans.
Lors du dernier scrutin, en 2006, l'Association de l'entente nationale islamique (AENI), ou Wefaq, principal courant de l'opposition chiite, avait remporté 17 sièges sur 40. Elle présente aujourd'hui 18 candidats.
Avant le scrutin, son chef, Ali Salmane, a contesté le monopole du pouvoir par la famille royale des Al Khalifa. "Nous attendons le jour où un enfant du peuple, qu'il soit sunnite ou chiite (...), pourra accéder au poste de Premier ministre", a-t-il dit.
Mais le Premier ministre, le prince Khalifa ben Salmane Al Khalifa, a assuré samedi que les Bahreïnis étaient "un seul peuple". "Nous n'avons pas d'opposition. Nous sommes un seul peuple, avec un seul objectif qui est de servir le pays et son roi, même s'il y a des divergences d'opinion parmi les fils de ce peuple", a-t-il affirmé aux journalistes en votant dans un bureau d'Al Rifah, au sud de la capitale Manama.
Plus de 318.000 électeurs inscrits sont appelés à choisir 35 des 40 députés que compte la Chambre, les cinq autres sièges ayant été attribués par désistement ou absence de concurrents.
Au total, 127 candidats dont huit femmes sont en lice pour le scrutin, qui se déroule en présence de près de 292 observateurs d'ONG locales mais pas d'observateurs étrangers.
Le scrutin a commencé à 08H00 (05H00 GMT) et les files de femmes et d'hommes se sont vite formés devant les bureaux de vote.
"Il faut augmenter les salaires et réduire le chômage", a affirmé à l'AFP Ali Qassab, un employé du secteur de l'aluminium, venu voter dans un bureau à Mouhareq, deuxième plus grande île de l'archipel de Bahreïn.
Bahreïn est la seule monarchie arabe du Golfe à compter une majorité chiite.
Malgré l'engagement des autorités à assurer un scrutin transparent, plusieurs électeurs ont affirmé ne pas avoir pu voter.
"Je vis dans cette circonscription depuis trente ans, et j'ai voté aux dernières élections. J'ai été surpris de ne pas trouver mon nom sur les listes ce matin", a déclaré à l'AFP Wahid Khalaf dans le bureau de vote d'Issa Town, au sud de Manama.
Selon l'entourage de candidats, des dizaines de cas similaires ont été signalés, une situation due à "des imperfections dans l'élaboration des listes électorales" selon le chef du Wefaq.
Les élections se tiennent à quelques jours du procès, le 28 octobre, de 23 activistes chiites arrêtés ces deux derniers mois et accusés de complot pour renverser la monarchie. Ces arrestations ont exacerbé les tensions confessionnelles dans le royaume.
Outre la Chambre, le Parlement comprend un Conseil consultatif dont les 40 membres sont désignés par le roi et qui peut bloquer toute initiative émanant de l'assemblée élue.