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Les jeunes soucieux de leur avenir en raison de la réforme des retraites

La mobilisation des lycéens et des étudiants contre la réforme des retraites s'amplifie. 379 lycées perturbés, soit le plus grand nombre recensé depuis le début du mouvement. À l'instar des salariés, les jeunes sont descendus dans les rues de France.

"Un ras-le-bol général". L’expression revient souvent dans la bouche des jeunes manifestants qui défilaient mardi dans le cortège parisien. Les lycéens sont venus y soutenir leurs aînés contre la réforme des retraites actuellement débattue au Sénat. Mais à les entendre, c’est surtout une profonde préoccupation quant à leur avenir professionnel qui les a incités à descendre dans la rue. "Un avenir gris sombre", commente Joaquim, 17 ans, élève de terminale "dans le 77" (Seine-et-Marne).

La mobilisation en chiffres

  • 3, 5 millions de manifestants selon les syndicats
  • 1, 1 million de manifestants selon le ministère de l’Intérieur, soit
    100 000 de moins que lors de la mobilisation du 12 octobre
  • 277 défilés à travers la France

Fait surprenant, dans les manifestations les jeunes - comprendre étudiants et lycéens - ne sont pas légion. À en croire l’Union nationale des lycéens, 180 000 d’entre eux seraient pourtant présents dans les défilés de toutes les villes de France. Près de 380 lycées sont perturbés, selon des chiffres de l’Éducation nationale ; ils seraient 850 selon le syndicat étudiant Fidl. Mais à Paris, les petits groupes de lycéens semblaient un peu perdus au milieu des têtes poivre et sel.

"Chômeurs à 25 ans, non, non, non !", "Résistance !" scandent les jeunes, bras dessus, bras dessous, sous des pancartes rivalisant d’imagination – "Faisons 'awoerther' cette réforme" peut-on notamment lire sur l’une d’elles. "Ce que fait le gouvernement en ce moment, c’est casser toutes nos perspectives d’avenir", affirme Victor Colombani, 16 ans tout juste et président de l’Union nationale des lycéens (UNL). Au milieu du brouhaha, ce jeune élève en première économique et sociale, dans le très huppé lycée Henri IV, peine à se faire entendre. "Le report de l’âge légal de départ en retraite équivaut à un million de places en moins sur le marché de l’emploi. Nous demandons une réforme plus juste, qui prenne en compte les années d’études et les périodes de chômage forcé des jeunes", poursuit-il, exténué par une semaine d’intense mobilisation.

Décalage entre monde de la rue et monde politique

Légèrement en marge du cortège, Ferdinand, 19 ans, étudiant en lettres, tient à bout de bras un carton sur lequel est inscrit une citation de Benjamin Constant "Que l’autorité se borne à être juste, nous nous chargeons d’être heureux". Le jeune homme n’est pas tendre avec le monde politique. Pour lui, le problème tient avant tout à une question de représentation. "Je ne me sens pas du tout représenté par les partis ni par les personnalités politiques. J’ai le sentiment que tout ce qu’ils font sert à des fins personnelles. Et vraiment, je n’ai pas envie de les laisser s’occuper de mon avenir. J’ai l’impression que chez eux, il n’y a pas de conviction profonde, pas d’idéal. Tout n’est qu’hypocrisie. À gauche comme à droite."

Un sentiment de décalage profond, entre le monde politique et les citoyens, que partage Géraldine, étudiante en graphisme. "C’est fou que tant de personnes attendent que leur sort soit décidé pas un seul petit groupe", dit-elle, parcourant des yeux la foule qui l’entoure. Un peu plus loin dans le défilé, Alexia affiche, malgré ses 15 ans, l’assurance d’une militante aguerrie. "Nous on n’est pas encore actifs ni majeurs, mais on voit nos parents trimer et on se dit qu’on n’a pas envie de trimer comme ça jusqu’à 67 ans. C’est inadmissible", s’insurge-t-elle d’une voix haut perchée, avant de hurler "Du boulot pour les juniors, du repos pour les séniors !".

La manifestation du 19 octobre en images
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