Alors que le Sénat pourrait de nouveau reporter le vote du projet de loi sur les retraites, le conflit est monté d'un cran à la veille d'une nouvelle journée de manifestations. Les syndicats espèrent maintenir le rassemblement.
AFP - Le conflit sur les retraites est monté d'un cran lundi à la veille d'une journée d'action, sans infléchir l'exécutif, alors que les routiers sont passés à l'offensive avec notamment des blocages de dépôts pétroliers, provoquant un début de pénurie d'essence.
Les actions se sont multipliées lundi dans toute la France, mais le président Nicolas Sarkozy a affirmé à Deauville que la réforme des retraites était "essentielle" et que la France la mettrait "en oeuvre".
"Il est parfaitement normal et naturel que ça crée des inquiétudes et des oppositions, mais c'est normal aussi et naturel qu'un gouvernement démocratique (...) s'assure que les automobilistes trouveront de l'essence et qu'il n'y aura pas d'affrontements", a-t-il ajouté.
Le gouvernement a dû activer lundi le centre interministériel de crise pour assurer "la
pérennité du ravitaillement en carburant".
Au total, les douze raffineries de métropole étaient toujours paralysées, et environ 1.000 stations-service, sur un total de 12.500, manquaient de carburant lundi en fin de journée, (contre 1.500 dans la journée) selon l'Union française de l'industrie pétrolière (Ufip).
D'ores et déjà, les préfets des Ardennes et de la Marne ont demandé aux automobilistes de ces départements de "limiter leurs déplacements dans la mesure du possible".
La situation était aussi "extrêmement préoccupante" dans les quelque 3.500 stations-service des distributeurs indépendants, a ajouté leur fédération, et les groupes Leclerc et Carrefour ont fait part de risques de pénurie possible dans leur stations-service respectives.
Mais pour l'Agence internationale de l'Energie (AIE), "les stocks français sont suffisants pour faire face à une éventuelle pénurie de carburants".
Les syndicats espèrent maintenir mardi la mobilisation à un haut niveau, après la journée record du 12 octobre, afin d'obtenir la suspension de l'adoption du projet de loi, dont les sénateurs ont repris l'examen lundi. Le vote, initialement prévu mercredi, pourrait intervenir jeudi, selon Gérard Longuet (UMP).
La mobilisation est entrée dans une "semaine décisive", a jugé le porte-parole du PS Benoît Hamon, appelant les Français à "ne pas se laisser abuser" par le discours de fermeté du gouvernement.
Parfois soutenus par les cheminots et d'autres secteurs, les routiers ont ciblé notamment les dépôts de carburants (Caen, Rouen,...) et le terminal pétrolier de Port-la-Nouvelle (Aude), mais certains ont été ensuite débloqués par les forces de l'ordre. En fin de journée, "moins de dix dépôts" sur 200 étaient bloqués, selon l'Ufip.
Selon la CFDT-routes, environ 1.500 militants ont mené lundi des "actions tous azimuts" dans "18 régions". Mais la principale fédération de transporteurs routiers, la FNTR, ne croit pas à un mouvement d'ampleur.
Les routiers ont organisé de nombreux barrages filtrants ou opérations escargots, tandis que les transports en commun ont été perturbés dans plusieurs villes.
En Normandie, des salariés de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche) ont voté un arrêt de travail de 48 heures avec baisse de production.
Les blocages de lycées ont repris lundi, 261 établissements étant perturbés selon le ministère de l'Education, et 950 selon l'UNL, premier syndicat lycéen. Des violences ont eu lieu dans plusieurs villes et quelque 196 "casseurs" ont été interpellés.
La grève se poursuivait aussi à la SNCF, avec un TGV sur deux en moyenne. Dans le Gard et l'Hérault, ainsi qu'à Lyon, des manifestants sur les voies ont perturbé le trafic.
Selon un sondage lundi, 71% des Français expriment leur soutien ou de la sympathie pour la journée de mardi organisée par l'intersyndicale, la 6e depuis la rentrée.
Les syndicats se reverront jeudi pour évoquer la poursuite du mouvement, mais la CFE-CGC a déjà prévenu qu'elle ne participerait plus aux manifestations après mardi et "condamné les actions de blocage et de grève généralisée".