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Un mineur rompt le "pacte du silence" des "33"

Quatre jours après leur retour à la surface, les 33 mineurs chiliens révèlent avoir scellé "un pacte du silence" concernant les 17 jours précédant leur localisation dans la mine de San José. L'un d'eux vient toutefois de parler à la presse...

Les mineurs chiliens qui ont retrouvé l’air libre la semaine dernière sont aujourd’hui étouffés sous la pression des médias. "Rendez-moi mon espace, s'il vous plaît !", a lancé l’un d’entre eux, Omar Reygada, dimanche soir. Au nom des "33", il a également demandé "du respect, pour eux et pour leurs familles, pour les laisser se reposer un moment jusqu'à ce qu'enfin ils soient prêts à raconter".

Depuis leur sortie de la mine de San José, les mineurs ne cessent d’être interrogés sur les détails de leurs 69 jours de calvaire. Mais tous refusent de parler des 17 premières journées qu'ils ont passées à 600 m sous terre face à la mort, jusqu'à ce qu'une sonde les localise. "On ne peut pas parler de ces choses-là, parce qu'il y a un pacte", explique ainsi Mario Gomez, le doyen du groupe, âgé de 63 ans.

Selon Omar Reygada, cette entente a été scellée afin d’éviter de mauvaises interprétations du récit de leur épopée. "Il y a un accord entre nous pour parler en tant que groupe, pour éviter les distorsions qui sont possibles quand on parle individuellement", indique-t-il.

Deux autres mineurs, Carlos Bugueno et Yonni Barrios, justifient cette décision en expliquant que cette période de 17 jours est au cœur de l'enquête sur les responsabilités de l'accident.

"L'idée est d'avoir une exclusivité"

D’autres avancent des arguments encore différents : ils avouent vouloir réserver leur témoignage à ceux qui sont prêts à y mettre le prix. Ils entendent notamment écrire un livre, sur la base du journal tenu par Victor Segovia, "l’écrivain des 33". S’ils disent n’avoir pris encore aucune décision concernant la cession des droits, tous sont soucieux d’assurer leur avenir.

"Je suis partisan de garder cet espace [des 17 jours, NDLR] comme propriété des '33', a déclaré leur porte-parole apparent, Juan Illanes, cité par le journal "El Mercurio". L'idée est d'avoir une exclusivité sur ce qu'on essaie de faire."

De son côté, le mineur Jorge Galleguillos, qui précise que le pacte ne l'engage à rien, se dit prêt à raconter son histoire au plus offrant. "Je dois penser à moi", justifie-t-il auprès des médias...

Mises au point

Mais ce dimanche, le plus charismatique du groupe, Mario Sepulveda - surnommé "Super Mario" par la presse -, a choisi de rompre le pacte, estimant que des mises au point étaient nécessaires. Dans un entretien accordé au "Mail on Sunday", il est brièvement revenu sur ces 17 jours d’"enfer total", durant lesquels les mineurs n'avaient droit qu'à deux gorgées d'eau et à un peu de thon sur un demi biscuit salé par jour. "À l'origine, on ne devait pas parlé de ces 17 jours", a-t-il précisé.

En tordant le coup à la promesse qu'ils s'étaient faite, Sepulveda a surtout tenu à mettre un terme à certaines rumeurs que cette entente tacite a suscitées. Certaines font notamment état de relations sexuelles entre mineurs...

"Rien de cela ne s’est produit, affirme Sepulveda. On était bien trop occupé à essayer de survivre qu’on ne pensait même pas au sexe..." Et de poursuivre : "La raison pour laquelle nous avons voulu garder le silence est liée aux comportements de certains d’entre nous". Sans donner plus de détails, celui-ci a simplement évoqué des tensions en raison des "jeunes, moins éduqués", qui ont eu plus de difficultés à gérer la situation. 

Si on ignore pour l'heure si ce premier témoignage a été monnayé, il y a fort à parier qu'il devrait ouvrir la voie à d'autres récits.

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