Le colonel Abdoulaye Badié, numéro 2 de la junte militaire au pouvoir au Niger, a été arrêté mercredi. Alors que le pays est en pleine transition politique, des rumeurs circulent sur une éventuelle tentative de coup d'État.
AFP - Le numéro 2 de la junte militaire au pouvoir au Niger, le colonel Abdoulaye Badié, a été arrêté mercredi et était retenu jeudi à l'état-major à Niamey, alors que la capitale bruissait de rumeurs concernant une tentative de coup d'Etat en plein processus de transition politique.
"Le colonel Badié a été arrêté hier (mercredi) après-midi et est gardé dans les locaux de l'état-major à Niamey", a indiqué à l'AFP une source militaire sous couvert d'anonymat, sans préciser les raisons de cette arrestation. "Les choses sont au stade de l'interrogatoire", a-t-on ajouté.
Le colonel Badié était le secrétaire permanent du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, junte), soit le numéro deux du régime mis en place après le coup d'Etat de février contre le président Mamadou Tandja (1999-2010).
Le 10 octobre, le chef de la junte, le général Salou Djibo, avait supprimé par décret le poste de secrétaire permanent, laissant au colonel Badié un statut de simple membre du CSRD.
Cet officier était également chef de l'intendance des armées, nommé sous le régime Tandja.
Le porte-parole de la junte, le colonel Abdoul-Karim Goukoye, n'avait pu être joint en fin de matinée.
Au cours des dernières semaines, des rumeurs de coup d'Etat ont circulé dans les rues de Niamey et au sein de la classe politique.
Depuis quelques jours, la présence de l'armée dans la capitale et ses environs est plus sensible, avec des patrouilles renforcées, notamment la nuit, a-t-on constaté.
Le général Djibo a limogé le 8 octobre par un autre décret le haut commandant de la garde nationale (ex-garde républicaine), le lieutenant-colonel Abdou Sidikou. Le communiqué officiel annonçant ce limogeage n'a apporté aucune explication.
Par un autre décret signé le même jour, le chef de l'Etat a nommé le lieutenant-colonel de la gendarmerie Mahamadou Ibrahim Bagadoma au poste de commissaire du gouvernement (procureur) près le Tribunal militaire.
A ce tribunal qui n'a pas siégé depuis plusieurs années, le lieutenant-colonel Bagadoma a remplacé le colonel Amadou Diallo, membre du CSRD et ministre de l'Equipement.
Commentant ces récents décrets, la presse hebdomadaire indépendante s'interrogeait dans ses éditions de mercredi - soit avant l'arrestation du colonel Badié - sur l'hypothèse d'un putsch raté.
"Un coup d'Etat avorté?", demande en Une L'Actualité, qui évoque "une machination politique en gestation pour déstabiliser la transition du général Salou Djibo".
Pour L'Evénement, la volonté du chef de la junte d'"assainir" les milieux politiques et militaires aurait fait des "mécontents", notamment parmi des officiers "proches de l'ancien régime" ou membres du CSRD.
L'arrestation du numéro 2 de la junte survient alors que le Niger, pays sahélien très pauvre en proie aux actions d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) - qui y a enlevé mi-septembre au nord sept expatriés, dont cinq Français -, s'est engagé dans un processus de transition politique.
Un référendum constitutionnel est prévu le 31 octobre avant un scrutin présidentiel le 31 janvier 2011, en vue de rétablir un régime civil en avril.
Mamadou Tandja, âgé de plus de 70 ans, avait plongé son pays dans une grave crise en changeant en août 2009 la Constitution pour se maintenir au pouvoir au terme de son second et dernier mandat. La junte a jusqu'à présent exclu de libérer l'ex-président, retenu dans une villa dans l'enceinte de la présidence.