Malgré une mobilisation record lors de la journée de grève du 12 octobre et la poursuite du mouvement ce jeudi, le président de la République a réaffirmé qu'il était "indispensable" de conduire la réforme des retraites à son terme.
AFP - Le président français Nicolas Sarkozy est resté inflexible mercredi dans sa volonté de conduire jusqu'au bout sa réforme des retraites, malgré une mobilisation record de la rue mardi et la poursuite de la grève jeudi dans les chemins de fer et les raffineries.
Le président a dit "que c'était un devoir de réaliser cette réforme et qu'on la mène donc jusqu'au bout", a rapporté la secrétaire d'Etat à la Famille, Nadine Morano, après le Conseil des ministres.
Le chef de l'Etat a déclaré plus tard que le gouvernement ne pouvait "aller plus loin" dans les concessions, ont indiqué des députés quelques jours avant une nouvelle journée de manifestations prévue samedi.
Nicolas Sarkozy, qui a fait de cette réforme le symbole de son engagement à changer la France, a concédé jusqu'ici quelques aménagements. Mais il n'entend pas revenir sur le coeur du projet: le report de l'âge de départ à la retraite (de 60 à 62 ans pour l'âge minimal, de 65 à 67 ans pour une retraite à taux plein). Ces dispositions-clés ont déjà été adoptées par les parlementaires.
Face à cette inflexibilité, les syndicats ne désarment pas, au lendemain d'une quatrième journée d'action depuis la rentrée contre cette réforme impopulaire marquée par une mobilisation record (entre 1,2 et 3,5 millions de manifestants selon les sources).
"Notre stratégie, c'est de poursuivre", a déclaré mercredi soir Bernard Thibault le secrétaire général de la CGT, un des principaux syndicats.
"Le combat n'est pas terminé", a prévenu le patron du syndicat Force ouvrière Jean-Claude Mailly, estimant que le gouvernement était "responsable" du durcissement du mouvement.
La grève qui affecte essentiellement les secteurs stratégiques de l'énergie et des transports ferroviaires doit se poursuivre jeudi.
Huit des douze raffineries françaises bloquées mercredi devaient le rester jeudi. Deux autres sont affectées.
Les industriels du secteur soulignent que les stations-service continuent à être alimentées par les dépôts pétroliers. Mais certaines connaissent des difficultés en raison d'achats inhabituellement élevés d'automobilistes inquiets. Si les grèves se poursuivent, le carburant pourrait commencer à manquer la semaine prochaine.
Les trois terminaux de réception du méthane en France ont aussi été bloqués mercredi et devraient le rester jeudi.
Dans les chemins de fer, les principaux syndicats ont invité les cheminots à "prolonger la mobilisation" qui s'est essoufflée mercredi.
Les perturbations doivent rester importantes avec 4 TGV (trains à grande vitesse) sur 10. Le service international sera normal sur l'Eurostar et quasi normal vers la Belgique (9 Thalys sur 10), la Suisse et l'Allemagne (9 sur 10). Les autres trains internationaux ne sont pas assurés.
L'opposition a mis en garde contre les risques de voir la situation dégénérer. La patronne des socialistes Martine Aubry a évoqué la possibilité "d'affrontements". Mardi, 61 personnes ont été interpellées et 45 inculpées pour des faits présumés de violences en marge des manifestations.
L'ex-candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a pour sa part estimé que le retrait de la réforme calmerait la "colère" des jeunes, alors que plusieurs responsables de la majorité, dont le président, ont taxé "d'irresponsabilité" ceux qui les avaient appelé à manifester.
Le fait nouveau de la semaine, c'est l'entrée des lycéens et étudiants dans la contestation, qui pourrait constituer un tournant selon des politologues rappellant les précédents de réformes avortées face à de fortes mobilisations de la jeunesse. Leurs syndicats ont d'ailleurs à nouveau appelé les lycéens à une journée de mobilisation nationale jeudi.
Quant au projet de réforme déjà adopté à l'Assemblée nationale, son vote au Sénat, où la gauche mène une guérilla parlementaire, a été repoussé à mercredi prochain alors qu'il devait intervenir en fin de semaine.