Alors que le port de Marseille est bloqué depuis 15 jours par les salariés des terminaux pétroliers, un collectif de chefs d’entreprise locale contre-attaque. Dans une publicité, il qualifie le métier de grutier de "best job in the world"
"Congés : 8 semaines par an. Horaires : 18 heures par semaine. Rémunération : 4 000 euros brut par mois et emploi garanti à vie". En ces temps de crise, cette annonce d’emploi pour un poste de grutier au port de Marseille surprend. Publiée lundi dans le quotidien économique Les Echos elle n’est pourtant qu’une parodie de publicité qui qualifie ironiquement le métier de grutier sur le port phocéen de "meilleur emploi du monde". L’annonce est illustrée d'une île paradisiaque avec un message explicatif : " pour défendre l'emploi de 41 000 salariés face aux privilèges de quelques grutiers".
À l’origine de cette opération de communication, le collectif "Touche pas à mon port", lancé officiellement ce matin par l'Union pour les Entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE 13). Dans un communiqué qui qualifie les grutiers de "nantis", le collectif composé de chefs d’entreprise, de commerçants, d’hôteliers et d’employés du port, "exige une reprise immédiate et durable des activités pétrole, fret et croisière, et une application urgente de la réforme portuaire".
"Un humour particulier"
Plusieurs mouvements de grève affectent actuellement le fonctionnement du port de Marseille-Fos. Plus de 50 navires sont bloqués en mer du fait d'un arrêt de travail des terminaux pétroliers à l'appel de la CGT, qui proteste contre une réforme portuaire des ports autonomes et contre la réforme des retraites.
Interrogé par France24.com, Jean-Luc Chauvin, président de l’UPE 13, explique la genèse de l’initiative. "Nous avons choisi de réagir au blocage du port avec humour, un humour particulier certes, pour faire passer notre message de ras-le-bol. Qu’ils veuillent faire la grève, c’est leur droit, mais qu’ils n’empêchent pas les autres de travailler ", déclare-t-il.
La grève qui dure depuis 15 jours pourrait entraîner des ruptures d'approvisionnement en essence dans les stations-services en France d'ici une à deux semaines, selon l'Union française des industries pétrolières. Pas sûr que cette initiative contribue à apaiser le climat du côté du port de Marseille. "D’un point de vue pragmatique, on se demande comment ils peuvent durcir le mouvement, car tout est déjà bloqué", conclut M. Chauvin. Contactés, les syndicats du port n'étaient pas joignables pour commenter la publicité.