Les Émirats arabes unis ont affirmé qu'ils avaient trouvé un accord avec RIM, le constructeur des Blackberry sur la surveillance des données, et le constructeur canadien. Ses smartphones ne seront pas bloqués lundi 11 octobre.
AFP - Les Emirats arabes unis, centre d'affaires du Golfe, ont annoncé vendredi que les services du BlackBerry ne seraient pas suspendus le 11 octobre, après un accord sur la surveillance des données avec son constructeur canadien.
Cette annonce a soulagé les milieux d'affaires dont l'inquiétude allait grandissante à l'approche de la date prévue pour la suspension des principaux services du BlackBerry (messagerie, internet, courriel) aux Emirats, qui comptent quelque 500.000 utilisateurs sur une population d'environ six millions.
"Les services du BlackBerry se poursuivront comme à l'accoutumée et ne seront pas suspendus le 11 octobre", a annoncé l'Autorité de contrôle des télécommunications (TRA) dans un communiqué diffusé par l'agence officielle WAM.
"Les services du BlackBerry sont désormais conformes aux règles en vigueur aux Emirats arabes unis", a ajouté la TRA, en soulignant que le constructeur RIM (Research in Motion) avait "fait preuve de coopération pour parvenir à cette solution".
Contacté par l'AFP, ce dernier n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.
La TRA avait annoncé, en août, son intention de suspendre les principaux services du BlackBerry le 11 octobre, si un accord n'était pas trouvé avec son constructeur sur la surveillance des contenus des échanges.
L'Autorité avait affirmé que les mobiles de RIM permettaient "aux individus de commettre des violations sans risque de poursuites, ce qui pourrait aboutir à des implications dangereuses pour la sécurité nationale, judiciaire et sociale".
L'appareil, selon les experts, a un niveau de cryptage des données qui rend très difficile la surveillance de leurs utilisateurs.
Des négociations avaient été ensuite engagées entre TRA et RIM, avec l'espoir de parvenir à un compromis.
La menace d'interdiction avait déjà affecté les ventes du BlackBerry, qui avaient chuté de quelque 40%, selon le responsable d'un magasin spécialisé.
"C'est un vrai soulagement. Mais j'étais convaincu qu'ils finiraient par parvenir à une solution, car Dubaï ne peut pas être un centre d'affaires pour la région si les services du Blackberry sont interdits", a affirmé Rami Hennawi, un homme d'affaires de 47 ans.
Wael Khalil, 43 ans, un consultant pour des compagnies d'équipements médicaux, déplore cependant que l'accord ait été annoncé in extremis. "Ils ont laissé tout le monde dans l'incertitude jusqu'à la dernière minute, je travaille avec beaucoup d'hommes d'affaires qui viennent régulièrement à Dubaï et nous étions très inquiets", dit-il.
RIM a toujours nié offrir des solutions spécifiques aux pays souhaitant accéder à des données cryptées. Mais le Wall Street Journal avait affirmé en septembre que le constructeur canadien collaborait avec le gouvernement indien pour permettre une surveillance des données échangées par les utilisateurs.
L'Arabie saoudite avait pour sa part annoncé en août le maintien du service messagerie de BlackBerry et la poursuite des discussions sur le cadre réglementaire lui permettant de surveiller le contenu des échanges.
Andrew Jaquith, analyste chez Forrester, souligne que le constructeur se trouvait face à un choix difficile, celui de "perdre des clients" ou de "nuire à sa réputation de sûreté auprès des entreprises".
"C’est une situation dans laquelle RIM perd de toute façon", car en acceptant la demande de certains gouvernements d'avoir accès aux données, "où cela va-t-il s’arrêter?", se demande-t-il, soulignant qu'il y a "plus de 175 pays qui pourraient réclamer les mêmes privilèges".