Cet été, en pleine polémique sur les Roms en France, Benoît XVI avait rappelé la nécessité de "savoir accueillir les légitimes diversités humaines". Nicolas Sarkozy est attendu vendredi au Saint-Siège pour apaiser le malaise.
AFP - Nicolas Sarkozy est attendu vendredi au Vatican par le pape Benoît XVI pour une visite destinée à apaiser le malentendu causé cet été par la situation des Roms en France, et dont il entend aussi profiter pour reconquérir d'ici 2012 le coeur d'un électorat catholique déçu.
itAprès le discours très polémique sur la "laïcité positive" qu'il y avait prononcé il y a trois ans, le chef de l'Etat a choisi de faire du deuxième séjour au Saint-Siège de son mandat un épisode silencieux et tout en symboles.
Selon l'Elysée, Nicolas Sarkozy doit d'abord s'entretenir en tête-à-tête pendant une demi-heure avec le pape, puis enchaîner une seconde audience avec son secrétaire d'Etat et numéro deux, le cardinal Tarciso Bertone.
Place ensuite à une visite de la basilique Saint-Pierre, agrémentée d'un arrêt à la chapelle Sainte-Pétronille pour un "temps de recueillement" et une "cérémonie pour la France" animée par le cardinal Jean-Louis Tauran. Le président conclura sa visite par un déjeuner avec une trentaine de "hauts prélats" à l'ambassade de France.
Une fois n'est pas coutume, Nicolas Sarkozy a prévu de rester, au moins médiatiquement, muet pendant ses cinq heures au Saint-Siège. Pas question de brouiller le message d'une visite conçue à Paris pour mettre un point final au malaise qui a affecté cet été les relations entre le Vatican et la "fille aînée de l'Eglise" autour de la question controversée des Roms.
Le 22 août, alors que la polémique sur le démantèlement des camps illégaux et les expulsions de Roms faisait rage en France, Benoît XVI avait publiquement souligné, dans un message lu en français, la nécessité de "savoir accueillir les légitimes diversités humaines".
Même sibyllin, ce rappel papal avait alors été ajouté à la longue liste des nombreuses critiques adressées au gouvernement français. D'autant que, deux jours plus tôt, le responsable du Vatican en charge de l'immigration, Mgr Agostino Marchetto, avait assuré que "les expulsions en masse de Roms vont à l'encontre des normes européennes".
Depuis, l'heure est à l'apaisement de part et d'autre des Alpes. Mgr Marchetto, célèbre pour ses sorties contre le gouvernement italien, a opportunément pris sa retraite. Et Nicolas Sarkozy a obtenu en un temps record selon les canons du protocole papal, une audience avec le Saint-Père.
"Je ne crois pas que les propos de Benoît XVI doivent être interprétés comme une critique", estime le député UMP Jacques Remiller. "Mais, ne nous leurrons pas", ajoute le président de l'association parlementaire France-Vatican, "la séquence sécuritaire de cet été a suscité un trouble chez les catholiques que le président se devait de rapidement lever".
Une semaine après l'abbaye de Vézelay (Yonne), l'épisode Saint-Pierre de Rome s'inscrit donc dans un effort organisé de reconquête d'un électorat dont le poids est estimé à 15% de la population française et qui, bien que restant acquis à la droite, a pris ses distances avec le chef de l'Etat.
Même si elle reste supérieure à celle des Français en général, sa cote de satisfaction auprès des catholiques a sérieusement pâli. A peine 50%, alors que celle de Jacques Chirac a toujours dépassé les 70%.
"Plus que la séquence sécuritaire de l'été, les polémiques de l'automne 2009 sur l'homosexualité de Frédéric Mitterrand, le double salaire du PDG d'EDF et la nomination de son fils Jean Sarkozy à la Défense ont durablement brouillé l'image du président chez les catholiques", note Jérôme Fourquet de l'Ifop, "pas sûr qu'une visite au Vatican suffise à la redresser d'ici 2012".