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L’UMP n’ayant pas la majorité absolue des sièges, la réforme des retraites ne pourra passer au Sénat sans les voix des centristes. Et ces derniers entendent bien s'abstenir si leurs propositions ne sont pas prises en compte.

Les centristes de la chambre haute ne sont pas satisfaits par le projet de réforme des retraites du gouvernement et comptent bien faire entendre leur voix. Alors que l’examen du texte a débuté mardi au Sénat, le groupe Union centriste a convoqué la presse pour présenter ses propositions.

Car les 30 sénateurs du groupe peuvent vraiment peser dans la balance. Le Sénat compte 343 membres, dont 149 élus UMP. Manque donc 23 voix pour réunir la majorité absolue. 

Les centristes ont donc posé trois conditions pour faire pencher la balance en faveur du projet de loi, déjà avalisé par les députés mi-septembre, sinon ils menacent de s'abstenir. 

Première condition : mieux prendre en compte la pénibilité

Ils demandent d’abord une meilleure prise en compte de la pénibilité du travail. Nicolas Sarkozy souhaite pour l’instant maintenir l’âge minimum de la retraite à 60 ans pour ceux qui ont un taux d’incapacité d’au moins 10%. "On ne peut pas oublier ceux qui ont une espérance de vie altérée par leurs conditions de travail, même si l’incapacité n’est pas encore apparue", rétorque Nicolas About, le président du groupe centriste au Sénat.

C’est auprès des "employeurs qui maintiennent des conditions de travail pénibles" qu’il faut aller chercher le financement", précise le sénateur Jean Arthuis, président de la commission des Finances.

Deuxième condition : assouplir le seuil des 67 ans

Si l’Union centriste soutient le passage de 60 à 62 ans de l’âge minimum de la retraite, il demande, en revanche, de la flexibilité dans le recul du deuxième âge légal, celui auquel on peut prétendre à une retraite sans décote même sans avoir le nombre de trimestres nécessaires.

Ce qui pourrait encore changer au Sénat
  • Les femmes : Pour prendre en compte les inégalités salariales et les carrières plus courtes des mères de famille, la droite pourrait prévoir des aménagements.
     
  • Le handicap : la majorité pourrait réévaluer les critères pour permettre à un plus grand nombre de travailleurs reconnus handicapés de bénéficier d’un accès à la retraite anticipée.
     
  • La pénibilité : le PS compte "se battre sur la pénibilité" et faire en sorte que celle-ci soit prise en compte branche par branche plutôt qu’individuellement comme prévu dans le projet de loi actuel.
     

Le gouvernement prévoit de passer cet âge de 65 à 67 ans, ce qui pénalisera surtout ceux dont la carrière est incomplète, notamment les femmes. Plusieurs solutions sont proposées au sein du groupe. "On peut reculer l’échéance, par exemple à 2029 plutôt que 2023", propose Nicolas About. Autre solution avancée : permettre à certains de continuer à partir sans pénalité à 65 ans : les parents de trois enfants qui ont interrompu leur carrière pour les élever, ou encore les "aidants" qui cessent provisoirement de travailler pour s’occuper d’un enfant ou d’un parent handicapé.

Jean-Marie Vanlerenbergue, sénateur du Pas-de-Calais également membre du groupe, va plus loin : il estime que le maintien du seuil de 65 ans pourrait s’appliquer à tous car, selon ses calculs, la mesure ne serait pas aussi coûteuse que le gouvernement veut le faire croire.

Troisième condition : la retraite par points

Dernier point mais non des moindres : le groupe centriste a déposé un amendement qui vise à remplacer progressivement notre retraite par annuités par un système par points. Le principe : "Le travailleur accumule tout au long de sa carrière des cotisations, qui correspondent à des points, explique Jean Arthuis. Lorsque vient l'âge minimum de la retraite, l’ensemble des cotisations est pris en compte, plus seulement les meilleures années. On détermine alors le montant de la pension en fonction des points et de l’espérance de vie. Si l’intéressé estime que ce n’est pas suffisant, il peut continuer à travailler quelques années."

Pour Jean Arthuis, le système serait "plus juste et moins complexe". Les sénateurs se défendent de vouloir faire une "révolution" puisqu'ils conserveraient la retraite par répartition. La mise en place d’un tel système devrait s’étaler sur "au moins 20 ans", poursuit-il, mais il faut selon lui dès maintenant inscrire ce bouleversement dans la loi.

Sont-ils prêts à faire tomber la réforme ?

"Le groupe centriste s’abstiendra si ces trois points majeurs ne sont pas pris en compte", avertit Nicolas About, précisant toutefois qu’il "ne votera pas contre le texte, qui est indispensable". "Si notre groupe s’abstient dans sa majorité, il manquera des voix pour que le projet de loi puisse passer, ajoute-t-il. Mais ce n’est pas nous qui ferons tomber le texte, ce seront ceux qui ne veulent pas prendre en compte nos amendements."

Alors que les sénateurs centristes bataillent avec le gouvernement et l’UMP sur un autre dossier actuellement discuté au Parlement – la réforme des collectivités territoriales – Nicolas About ne compte pas lâcher prise et assure que "le poisson n’est pas encore complètement roulé dans la farine" !