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La querelle sur les retraites engagée au Sénat

Le débat sur la réforme des retraites, adoptée à l’Assemblée, s’est ouvert cet après-midi au Sénat. Si le gouvernement accepte de lâcher du lest sur certains points, il ne devrait pas l’annoncer avant la mobilisation du 12 octobre.

Dès l'ouverture du débat, les sénateurs communistes, ceints de leur écharpe tricolore, ont donné le ton : ils ont brandi une banderole proclamant "Messieurs Sarkozy et Woerth, écoutez le peuple, retirez votre projet de loi" tout en scandant "la retraite à 60 ans".

En face, venu présenter le texte, le ministre du Travail, Eric Woerth, a tenu tête. "Le gouvernement ne reviendra pas sur le relèvement des bornes d'âge", a-t-il annoncé. Le texte prévoit le report de l’âge de départ à la retraite à 62 ans et un départ sans décote à 67 ans.

"La première des justices d'un système de retraites, c'est d'être en équilibre. Si les retraites publiques ne sont plus assurées, ce sont les plus modestes qui sont pénalisés", a-t-il répété.

Les débats prévus au Palais du Luxembourg devraient durer 85 heures. Quelque 1 200 amendements, trois motions de procédure - renvoi en commission, motion préalable, irrecevabilité - et une motion visant à soumettre le projet à référendum ont été déposés. Cette dernière sera défendue mercredi après-midi.

Besoin du soutien des centristes

Ce qui pourrait encore changer au Sénat
  • Les femmes : Pour prendre en compte les inégalités salariales et les carrières plus courtes des mères de famille, la droite pourrait prévoir des aménagements.
     
  • Le handicap : la majorité pourrait réévaluer les critères pour permettre à un plus grand nombre de travailleurs reconnus handicapés de bénéficier d’un accès à la retraite anticipée.
     
  • La pénibilité : le PS compte "se battre sur la pénibilité" et faire en sorte que celle-ci soit prise en compte branche par branche plutôt qu’individuellement comme prévu dans le projet de loi actuel.
     

L'UMP, qui n'a pas la majorité absolue au Sénat, doit obtenir l'appoint des voix centristes pour faire passer tout texte. Pour l’opposition, l’examen du texte au Sénat représente la dernière chance d’obtenir le retrait de la réforme phare de Nicolas Sarkozy. Sa seule stratégie possible pour réussir son pari : multiplier les prises de parole (la durée des débats n’est pas limitée contrairement à l’Assemblée nationale) pour gagner du temps. L'examen pourrait ainsi se prolonger jusqu'à fin octobre.

L’opposition peut aussi miser sur la contestation sociale dans la rue. À la porte du Sénat, des milliers de personnes se sont rassemblées, ce mardi, pour demander aux sénateurs de ne pas adopter une loi "injuste".

Les yeux rivés sur le 12 octobre

Dans ce contexte, la mobilisation lors de la prochaine journée d’action prévue par les syndicats sera suivie de près. Mardi, les syndicats, bien que divisés sur les modalités d’action, ont annoncé qu’elle se déroulerait le 12 octobre prochain. Ils envisagent également de poursuivre le mouvement de contestation le samedi suivant.

Le gouvernement, de son côté, garde une marge de manœuvre, même si celle-ci est "étroite", avertit le patron des sénateurs UMP, Gérard Longuet. Ce mardi, sur Europe 1, Éric Woerth a, quant à lui, assuré que le texte "allait continuer à évoluer", notamment pour tenir compte de la situation spécifique des femmes. Lundi, le ministre du Travail a signé, avec quatre autres ministres du gouvernement, une tribune dans le journal "Le Monde" où il dénonce les "idées reçues" sur ce sujet.

Mais le gouvernement n’a toujours pas dévoilé les points sur lesquels il compte lâcher du lest. Et il ne devrait pas le faire avant la journée de mobilisation du 12 octobre.