Dilma Rousseff (Parti des travailleurs) arrive en tête du premier tour de la présidentielle brésilienne avec 46,9 % des voix. Mais elle devra affronter un second tour le 31 octobre, face au candidat de droite José Serra, qui a obtenu 32,6 %.
Dilma Rousseff n'aura pas remporté l'élection présidentielle dès le premier tour. Pourtant, "les sondages donnaient Dilma Rousseff gagnante dès le premier tour depuis plus d'un mois", rappelle Pierre-Ludovic Viollat, correspondant de France 24 à Sao Paulo. "Mais elle a perdu quelques points cette semaine à cause notamment d'affaires de corruption qui ont touché le gouvernement fédéral, dont elle était la numéro deux il y a encore quelques mois". Dès samedi soir, deux sondages laissaient présager la tenue d’un second tour.
Devant son comité de campagne à Brasilia, dimanche soir, elle a tenté de tirer un bilan positif du premier tour, affirmant : Je fais face à ce second tour avec beaucoup de courage et d'énergie car j'aurai l'occasion de mieux détailler mes propositions et mes
itprojets".
La surprise écolo
Le score le plus inattendu de ce premier tour est celui obtenu par Marina da Silva (Parti Vert), ancienne ministre de l'Environnement de Lula : 19,3% des voix. "Marina da Silva, très populaire à Rio, a beaucoup critiqué les dégâts de la politique de Lula sur l’environnement", rapporte Lucas Menget, envoyé spécial de France 24 à Rio de Janeiro. "Elle espérait faire un bon score dans les grandes villes".
Pour l'analyste André Pereira César, du consultant CAC, interrogé par l’AFP, les voix de Marina "valent de l'or". Il estime qu’elle "a les cartes en main pour les trois prochaines semaines de campagne". La chef de file des Verts n'a donné aucune indication sur sa position au second tour mais a laissé entendre que, quel que soit le candidat qu'elle soutiendra, il devra adopter certaines de ses propositions.
De son côté, le candidat de droite, José Serra, ancien ministre de la Santé connu pour sa lutte en faveur des médicaments génériques, a déclaré être "ravi, mais pas surpris".
Devant ses partisans à Sao Paulo. "Maintenant, nous allons nous battre et nous irons chercher la victoire."
Sur les pas de Lula
Dimanche, près de 136 millions de Brésiliens se sont rendus aux urnes pour désigner le (ou la) successeur de Luiz Iniacio Lula da Silva, emblématique président du Brésil depuis huit ans.
Aucun incident majeur n’a entaché le scrutin. Cependant, près de 650 personnes ont été arrêtées, dont 43 candidats, pour avoir fait campagne ou avoir tenté d'acheter des votes, selon le président du Tribunal supérieur électoral, Ricardo Lewandowski.
Le président Lula a voté dans la matinée dans son fief de San Bernardo do Campo (État de Sao Paulo). Tout sourire, il a "déploré" ne pas faire partie de la course à la présidentielle. La Constitution brésilienne lui interdit en effet de briguer plus de deux mandats consécutifs. C’est la première fois depuis les premières élections libres de 1989, date de la chute de la dictature militaire, qu’il n’est pas candidat à une élection présidentielle. Mais que ce soit en 2002 ou en 2006, Lula avait également dû affronter un deuxième tour.
Lula jouit d’une cote de popularité hors norme qui, selon de récents sondages, dépasse 80%. Dilma Rousseff a ainsi tiré ainsi un immense bénéfice de son soutien. Celle que les Brésiliens appellent tout simplement "Dilma" était quasiment inconnue du grand public il y a encore quelques mois, avant que le président sortant ne l’adoube, à la surprise générale.
La "Dame de fer" à l’assaut du Planalto
Dilma a d’ailleurs fait campagne sur le thème de la "continuité" avec les travaux de Lula, dont la politique a permis à des millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté et au pays de connaître un véritable boom économique.
Également surnommée la "Dame de fer" pour son caractère autoritaire, Dilma Roussef sera - si elle est élue - la première femme à diriger le Brésil le 1er janvier prochain. Fille d’un avocat d’origine bulgare et d’une enseignante brésilienne, elle a combattu la dictature au sein de la guérilla et a passé trois ans dans les geôles du régime, où elle fut torturée.
À 62 ans, Dilma Rousseff n’a jamais occupé de mandat électif. Elle fut tour à tour nommée secrétaire d’État à l’Énergie, puis ministre des Mines et de l’Énergie avant d’être désignée par Lula pour diriger le cabinet présidentiel, succédant ainsi à José Dirceu, poussé à la démission après un scandale de corruption.
Dimanche, les Brésiliens ont également élu les 531 députés de l’Assemblée nationale et renouvelé une partie du Sénat. Ils ont également désigné les gouverneurs et les députés des 27 États que compte le pays.