
Le ministre de l'Intérieur afghan (photo) a annoncé dimanche que les autorités commencent à mettre en œuvre le plan de Hamid Karzaï visant à démanteler les firmes de sécurité privées présentes dans le pays. Huit d'entre elles ont déjà fermé.
REUTERS - Les autorités afghanes ont commencé à démanteler les sociétés de sécurité privées qui pullulent dans le pays, fermant huit d'entre elles et confisquant plus de 400 armes, a annoncé dimanche le ministère de l'Intérieur.
Cette mesure s'inscrit dans le plan ambitieux du chef de l'Etat, le président Hamid Karzaï, de récupérer d'ici 2014 la totalité des missions de sécurité dans son pays pour le moment dévolues à des troupes étrangères.
Depuis le décret présidentiel publié en août, le plan élaboré en ce sens prévoit que le processus de démantèlement s'achève d'ici la fin de l'année, a précisé le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Zemarai Bashary.
Ce dernier a assuré que les Nations unies et la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf, émanation de l'Otan) ont donné leur assentiment à ce projet.
"Le ministère de l'Intérieur met en oeuvre ce plan avec beaucoup de sérieux et de fermeté", a dit le porte-parole lors d'un point de presse.
Sont visés en priorité les groupes armés illégaux opérant comme des firmes de sécurité privées, des sociétés opérant avec des agréments provisoires et celles qui fournissent des escortes armées aux forces étrangères et ont été mêlées dans des actes criminels ou ont enfreint les règles de sécurité. D'après Bashary, le pouvoir a déjà fermé une firme de sécurité afghane employant 47 salariés ainsi que de plus petites entreprises fournissant des escortes armées pour des convois.
Les sociétés dont les gardes travaillent à l'intérieur de d'enceintes utilisées par des ambassades, des firmes multinationales et des ONG humanitaires échappent à cette mesure.
"Un défi de taille"
Fin septembre, le général David Petraeus, nouveau commandant en chef des forces américaines et alliées en Afghanistan, avait annoncé que le président Karzaï s'apprêtait également à autoriser des sociétés opérant à partir de certains sites fixes, notamment des centrales électriques, à continuer à fonctionner.
"Le plan est fait de telle façon qu'il ne crée pas de faille de sécurité, ce qui ne nous empêche pas dans le même temps de démanteler les sociétés privées de sécurité", a expliqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, précisant que leur personnel pouvait d'ores et déjà rejoindre, s'il le souhaite, les rangs des forces de sécurité afghanes.
Le porte-parole a affirmé ne pas disposer de chiffres concernant ces firmes de sécurité privées, mais il en existe 52 enregistrées auprès des autorités, dont la moitié sont étrangères.
Kaboul évalue à 40.000 le nombre d'Afghans employés par ces entreprises, dont les gardes lourdement armés sont très visibles dans les encombrements routiers.
Bon nombre d'Afghans pensent que ces firmes agissent en toute impunité. Certaines ont été accusées de meurtres, d'assassinats et de scandales en n'étant que très rarement condamnées.
L'an dernier, le gouvernement avait bien tenté, en vain, de faire enregistrer ces entreprises, de connaître le nombre d'armes en leur possession et leur provenance et de calculer leur chiffre d'affaires, dit-on de source proche de la sécurité afghane.
Lorsque le président Karzaï avait fixé en août une date-butoir pour la fermeture des firmes de sécurité privées, le Pentagone avait parlé de "défi de taille" tout en se disant prêt à coopérer avec Kaboul pour améliorer la surveillance et la gestions de ces sociétés.