
Lula ne semble faire que des heureux parmi ceux qui voudraient voir la pauvreté, ce fléau brésilien, éradiquée pour de bon. À gauche de Lula pourtant, des voix insatisfaites se font entendre.
Wesley Denilio le dit sans ambages : il est révolté. A 33 ans, ce jeune Brésilien a vécu tout sa vie dans une favela de la ville de Rio de Janeiro et il ne supporte pas la pauvreté qui l’entoure. Lula ? "Oui, c’est un symbole important pour nous. Avant, on disait qu’un type venu du peuple, qui n’avait pas fait d’études, ne méritait pas de diriger le pays. Il a prouvé que nous valons plus que ce que les riches ont toujours pensé."
Pour autant, Wesley n’est pas fan du président brésilien sortant. Ou enfin, il ne l’est plus : "Quand Lula a gagné, j’étais dans la rue comme tout le monde, j’étais vraiment ému." Puis tombe le jugement, sans appel : "Mais Lula n’est plus de gauche. Lula nous a trahis."
Comment l’homme considéré de part le monde comme le plus grand leader de gauche actuel peut-il être qualifié de traître par un Brésilien, des classes populaires de surcroît ? Wesley – militant multi-casquette : rappeur, journaliste, étudiant… - égrène les problèmes qui demeurent : le piètre état du système éducatif, la santé publique en lambeaux, le prix prohibitif des transports en commun…
Pour lui, les programmes sociaux mis en place par Lula ne sont qu’une mesure électoraliste ayant peu d’effets concrets. "Le salaire minimum est de 550 réaux alors que les loyers dans n’importe quelle favela de Rio de Janeiro sont rarement sous les 300 réaux. La Bolsa familia, c’est 60 réaux en moyenne pour une famille par mois. C’est trop peu. Les pauvres n’ont pas de quoi vivre !", s’emporte le jeune homme.
"J’ai des copains qui encore aujourd’hui ne peuvent pas se rendre au centre-ville parce qu’ils ne peuvent pas se payer un ticket de bus", déplore-t-il. "Non, vraiment, Lula ne gouverne pas pour le peuple, assène celui qui se dit "subversif", mais pour les élites et les banquiers."