Si près de trois millions de personnes ont défilé pour protester contre le projet de réforme des retraites selon les syndicats, elles n'étaient que 900 000 selon la police. Les syndicats exhortent le gouvernement à "ouvrir le dialogue".
{{ scope.legend }}
© {{ scope.credits }}AFP - Pour la troisième fois en moins d'un mois, les syndicats ont fortement mobilisé samedi contre la réforme des retraites, sans toutefois faire mieux que le 23 septembre, le nombre des manifestants compté par la police et les syndicats allant du simple au triple.
A trois jours de l'examen du texte au Sénat, les syndicats ont estimé la participation aux cortèges (229 selon eux, 240 selon le ministère de l'Intérieur) "au même niveau" que le 23 septembre, date de la précédente journée d'action: 2,9 millions pour la CFDT, près de 3 millions pour la CGT.
Pour le ministère de l'Intérieur en revanche, le nombre de manifestants s'est élevé à 899.000, soit 98.000 de moins.
"Cette mobilisation est réussie, avec de bonnes conditions météo, on aurait probablement dépassé" le 23 septembre, a déclaré le numéro deux de la CFDT Marcel Grignard. Des pluies battantes étaient tombées dans la matinée sur la Bretagne, où l'on a moins défilé.
itSelon le porte-parole du gouvernement Luc Chatel, "chacun reconnaît qu'il n'y a pas d'amplification du mouvement alors qu'on pouvait penser que l'organisation d'une manifestation le samedi drainerait de nouveaux publics".
Il a rappelé que "des avancées seront possibles au Sénat". "Des marges de discussion ont déjà été concrétisées en commission, notamment concernant les travailleurs handicapés, les chômeurs en fin de droits et les victimes d'expositions à l'amiante", a souligné le secrétaire d'Etat Georges Tron.
Selon le ministre du Travail Eric Woerth qui a réaffirmé que le pays avait "besoin de faire la réforme des retraites" , "il n'y a pas d'augmentation de la mobilisation (...) Il y a une mobilisation qui est du même ordre, elle est forte, mais elle est du même ordre".
Côté syndicats, on conteste tout sur-place de la mobilisation. "C'est la cinquième manifestation" sur les retraites depuis le 27 mai, et la mobilisation "ne faiblit pas" malgré le vote de la réforme par l'Assemblée nationale", soutient M. Grignard.
FO en tire la conclusion que "ce projet doit être retiré, pour une autre réforme sur d'autres bases". La CGT continue de réclamer des négociations "dans les plus brefs délais".
Les dirigeants syndicaux insistent sur la venue en nombre d'"un public de nouveaux participants", tandis que d'autres avaient passé leur tour. Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault y voit "la preuve que la zone de mécontentement populaire s'amplifie parmi les salariés".
A Paris, 310.000 personnes - parmi lesquels tous les dirigeants syndicaux et des partis de gauche, dont Martine Aubry - ont battu le pavé, selon les syndicats. 63.000 selon la police, à peine moins que le 23 septembre.
Beaucoup étaient cette fois venus en famille, et l'on n'avait jamais vu autant de poussettes que samedi dans les cortèges.
Un peu partout, les correspondants de l'AFP ont noté une proportion en hausse de femmes, de jeunes et de salariés du privé.
A Toulouse, Xavier et Clémence Pujol défilaient à vélo avec leurs deux filles, âgées de 3 et 5 ans, assises sur un porte-bagages. "Je n'ai pas pu participer aux précédents rassemblements car lorsqu'il y a grève, l'école est fermée et il faut garder les enfants", expliquait Mme Pujol.
Ailleurs en province, les manifestants ont été moins nombreux à Marseille (entre 19.000 et 150.000), Lille, Montpellier ou Charleville-Mézières. C'était l'inverse à Lyon, Grenoble, Saint-Etienne ou Nantes.
La mobilisation a été forte aussi dans des villes moyennes comme Albi (8.000 selon les syndicats, 4.000 selon la police), Angoulême (22.000, 9.500), Agen (10.000, 4.700).
it