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Les marques Rossignol et Le Coq Sportif viennent de décider d'une relocalisation partielle de leur production dans l'Hexagone. Un phénomène encore marginal, mais qui pourrait prendre de l'ampleur à moyen terme.

C’est la mondialisation à l’envers ! Le Coq Sportif et Rossignol, deux marques hexagonales réputées, viennent de décider de "relocaliser" une partie de leur production en France, après une escapade de plusieurs années dans des pays à bas coûts en termes de salaires. De simples coups de pub isolés dans un monde économique qui délocalise à tour de bras ? Pas si sûr.

Dans les deux cas, ce retour "aux sources" est fondé sur des considérations économiques avérées. Le Coq Sportif a ainsi décidé d’installer dans son berceau historique de Romilly-sur-Seine (Aube) un centre de recherche de pointe nécessitant "le savoir-faire français". Un petit plus pour l’emploi, puisque treize personnes ont déjà été embauchées. Le groupe textile avait pourtant fait partie de la première vague de délocalisations en quittant le territoire français, il y a de cela vingt-deux ans.

Du "made in China" au "fabriqué en France"

Le géant du ski Rossignol rapatrie, pour sa part, la production des skis junior au pied des Alpes - en Haute-Savoie, plus précisément -, alors qu'il les faisait fabriquer depuis 2007 à Taïwan. "La main-d’œuvre ne représente que 20 % du coût des skis, ce n’est pas ce qui va nous permettre d’être compétitifs", explique un porte-parole du groupe. "On réfléchit à rapatrier d’autres productions", poursuit-il. Il invoque la proximité du marché national comme raison principale à ce "retour" : cela permettrait de réagir plus vite aux variations de la demande. Et puis les matières premières pour fabriquer des skis sont produites en Europe.

"Quand il s’agit essentiellement de servir le marché national ou européen, la relocalisation devient plus intéressante", confirme Patrick Vincent, responsable du pôle industrie à l’Assemblée des chambres de commerce et de l’industrie. Car le Coq Sportif et Rossignol ne sont pas les seules entreprises à avoir pris le chemin du "grand retour". En 2010, d’autres enseignes historiques sont revenues. C'est ainsi qu'en février dernier, le constructeur de jouet Meccano a ramené une partie de ses activités à Calais (Nord). Quant à la fonderie Loiselet, qui fonctionnait avec du "made in China" depuis 2001, elle a décidé de se reconvertir dans le "fabriqué en France" en juin.

Des aides à la relocalisation

"Il y a d’autres cas, mais ils se comptabilisent sur les doigts de la main", nuance Patrick Vincent. Cependant, le mouvement pourraît prendre de l’ampleur. Car l’Extrême-Orient, le Maghreb et les pays d’Europe de l’Est perdent actuellement un peu de leur superbe. "C’est surtout vrai pour l’Extrême-Orient, où les entreprises se rendent compte que les lourdeurs administratives contrebalancent l’avantage d’une main-d’œuvre bon marché", confirme Patrick Vincent. Les autorités françaises ont d’ailleurs bien saisi cette opportunité. En mars, lors des états généraux de l’industrie, il a été décidé de mettre en place des "aides aux relocalisations" pour un montant de 200 millions d’euros sur trois ans. Suffisant ?