On l'attendait à gauche, mais le premier discours du nouveau leader du Parti travailliste, Ed Miliband, est resté consensuel. Le successeur de Gordon Brown entend toutefois mener une réflexion sur les 13 dernières années de gouvernance travailliste.
Trois jours après son élection surprise à la tête du Parti travailliste, Ed Miliband - frère cadet de celui qui était pourtant favori au scrutin, David Miliband - a prononcé son premier discours devant les membres de la formation politique. L'exercice était pour le moins périlleux : Ed, qui a fait une campagne très à gauche et qui a remporté l’élection grâce aux voix des syndicats, se devait de rassurer à la fois la base et les "éléphants" du parti.
Dans son allocution, il a commencé par brièvement raconter l’histoire de sa famille juive polonaise, qui a fui les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. "Il s’est présenté aux Britanniques de manière très humaine, c’est l’une des qualités qu’on lui prête", rapporte Bénédicte Paviot,
itcorrespondante de France 24 à Londres.
Ed Miliband a également rendu hommage à son frère David, candidat malheureux à la tête du parti. "J’ai toujours su quel homme extraordinaire tu es", lui a-t-il dit.
L'heure du bilan après les années Blair-Brown
Lors de son discours, le nouveau leader travailliste a fait le bilan de treize années de gouvernance travailliste. Un bilan qu’il a qualifié "d’honorable", avant d’énumérer les avancées en matière de sécurité, d’inflation et de parité. "Comment se fait-il qu’un parti à qui on doit autant ait perdu cinq millions de votes ?", s’est-il ensuite demandé. "Ce n’est pas un hasard. Le parti s’est emprisonné dans ses propres réflexions et a perdu sa capacité à s'adapter. Les emplois disparaissent et l’économie flanche. Je comprends votre colère contre un gouvernement travailliste qui n’a pas su tenir ses promesses."
Ed Miliband, dont la campagne très à gauche lui avait valu le surnom de "Red Ed"("Ed le rouge"), s’est néanmoins attaché à réunifier le Labour, en prononçant un discours plutôt
centriste. Il a notamment mis en garde les syndicats, grâce auxquels il a pourtant été élu, contre des "grèves irresponsables" et a affirmé sa ferme conviction que "des coupes dans le budget de l’État étaient nécessaires" pour palier le déficit record du pays. Il a également proposé une surveillance accrue des banques et de la City, et préconisé l'augmentation des impôts sur la fortune.
"Une nouvelle génération est désormais à la tête du parti", a-t-il poursuivi. "Elle ne se distingue pas forcément par son âge, mais pas son attitude et ses idéaux. Il y a une différence fondamentale entre David Cameron [Premier ministre conservateur] et nous : c’est l’optimisme."
Ed Miliband fut ministre de l’Énergie au sein du gouvernement de Gordon Brown, auquel il succède désormais, cinq mois après une sévère défaite du Labour aux législatives.