Le chef de l'État russe a signé, mardi, un décret destituant le puissant maire de Moscou, Iouri Loujkov (à g.), qui dirige la capitale russe depuis 1992. Le document indique que l'édile aurait "perdu la confiance du président russe".
AFP - Le président russe, Dmitri Medvedev, a limogé mardi le maire de Moscou, Iouri Loujkov, à la tête de la capitale depuis 18 ans, écartant une nouvelle fois du pouvoir un poids lourd de la politique russe.
Agé de 74 ans, M. Loujkov est "démis de ses fonctions de maire, parce qu'il a perdu la confiance du président russe", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. Le premier adjoint au maire, Vladimir Ressine, a été désigné pour assurer l'intérim.
"C'est la première fois que cela arrive", a déclaré le président russe Dmitri Medvedev, en marge d'une visite en Chine, évoquant le premier limogeage d'un dirigeant régional pour perte de confiance.
"Je n'exclus pas que de tels cas se reproduisent à nouveau", a-t-il néanmoins ajouté.
Cette décision intervient après plusieurs semaines d'une campagne médiatique à l'encontre du maire de Moscou, qui s'est notamment développée après sa gestion critiquée des terribles incendies de forêts de l'été 2010 en Russie.
Alors que Moscou étouffait dans la fumée et la canicule, le maire a en effet tardé à interrompre ses vacances en Autriche.
M. Loujkov a également quitté ses fonctions au sein du parti au pouvoir Russie Unie, dirigé par le Premier ministre Vladimir Poutine, a indiqué le dirigeant du comité exécutif du parti, Andreï Vorobiev.
"Nous avons reçu une déclaration (dans ce sens) mardi", a-t-il déclaré, cité par l'agence Interfax.
"Ces derniers temps, j'ai fait l'objet d'attaques acharnées de la part des médias (...) Ces attaques avaient pour but d'éloigner le maire de Moscou de l'arène politique", a écrit M. Loujkov dans une lettre, selon une source à la mairie, citée Interfax.
M. Loujkov n'a pour l'instant fait aucun commentaire public sur son limogeage.
Il a appris la nouvelle de son renvoi alors qu'il était dans son bureau et se préparait pour une session du Parlement local plus tard dans la journée, selon une autre source au sein de la mairie, citée par l'agence Itar-Tass.
Le Premier ministre, Vladimir Poutine, qui jusqu'à présent s'est montré assez réservé sur la situation de M. Loujkov, n'a pas encore réagi lui non plus.
Mais une source officielle au sein du Kremlin, sous couvert d'anomymat, a indiqué à l'AFP que "le président (Medvedev) avait informé le Premier ministre de sa décision avant de signer le décret".
De son côté, le président de la Douma (chambre basse du Parlement) et dirigeant de Russie Unie, Boris Gryzlov, a déclaré sans donner plus de précisions que "malheureusement Iouri (Loujkov), en tant que maire, a donné au président un prétexte pour une telle décision", selon les agences russes.
Malgré l'avalanche médiatique qu'il a subi, M. Loujkov n'avait jamais montré aucun signe de résignation.
Lundi, il avait une nouvelle fois répondu aux attaques en déclarant qu'il ne démissionnerait pas de son propre gré. Le mandat de M. Loujkov devait expirer l'année prochaine, un an avant l'élection présidentielle en 2012.
Plusieurs émissions télévisées avaient récemment accusé M. Loujkov d'avoir mis la capitale russe en coupe réglée avec sa femme, la milliardaire Elena Batourina, dont la fortune est estimée par le magazine américain Forbes à 2,9 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros).
Après avoir supprimé en 2004 l'élection des gouverneurs --le maire de Moscou en est un-- pour se réserver le droit de les nommer et de les défaire, le Kremlin a entrepris dernièrement d'évincer les derniers poids lourds de la scène politique, comme le président du Tatarstan Mintimir Chaïmiev.